D   O   S   S   I   E   R   S        M   O   N   D   I   A   U   X

La population mondiale au XXIe siècle



LES ��ATS-UNIS APPUIENT LES PROGRAMMES
DE ��nbsp;BIEN- ��RE ��POUR LES FEMMES


Entretien avec Mme Julia Taft, secr��aire d'��at adjointe
�� la population, aux r��ugi�� et aux migrations

Les ��ats-Unis mettent en ��uvre une large gamme de programmes de bien-��re pour les femmes, qui portent notamment sur la planification familiale et la sant��g����ique, indique Mme Taft. Par ailleurs, les r��ultats obtenus depuis la Conf��ence internationale sur la population et le d��eloppement, qui a eu lieu au Caire en 1994, feront l'objet d'un examen lors de plusieurs r��nions internationales en 1999.

Question - Pourriez-vous nous expliquer la politique du gouvernement Clinton en mati��e de population mondiale ?

Mme Taft - La politique des ��ats-Unis en mati��e de population s'inspire du programme d'action de la conf��ence du Caire, qui a examin��les questions de la planification familiale et de la sant��g����ique dans le contexte plus vaste de l'��ancipation des femmes, de l'��ucation des filles et des gar��ns, de la sant��des enfants et des ����ents d'ordre ��onomique, environnemental et social qui touchent la vie des fillettes et des femmes.

Notre politique et nos programmes comprennent toute une gamme de mesures de bien-��re pour les femmes et les filles, o��figurent en place prioritaire la planification familiale et la sant�� g����ique. Nous examinons aussi diverses mani��es de prot��er les femmes de la violence sexuelle. Nous ��udions les fa��ns dont les femmes peuvent obtenir des informations exactes sur la sant��et sur la planification familiale, ainsi que les moyens de faire participer les hommes �� la vie de la famille. Nous examinons l'acc�� des femmes au microcr��it et aux possibilit�� ��onomiques ainsi qu'��l'��ucation. Nous le faisons non seulement dans nos programmes nationaux, mais ��alement dans les programmes que nous appuyons au niveau international.

Question - Pourriez-vous nous expliquer l'incidence de la conf��ence du Caire ? Qu'est-ce qui a fait de cette conf��ence un ����ement si sp��ial ?

Mme Taft - Lorsqu'on r��nit les d����u�� de 180 pays et qu'ils se mettent r��llement d'accord sur un plan d'action, c'est un ����ement qui sort de l'ordinaire. Au Caire, il s'est d��ag��un tr�� large consensus sur l'id�� qu'on ne peut pas examiner isol��ent la question des soins de sant��destin�� aux femmes. C'est une question qu'il faut placer dans le contexte plus g����al de leurs droits ��onomiques, sociaux et politiques.

Nous en d��uisons que la fa��n de stabiliser la croissance d��ographique consistera, au cours du si��le prochain, ��offrir des possibilit�� ��tous et ��s'assurer que les femmes sont en mesure de prendre en connaissance de cause des d��isions au sujet de leur vie, de mani��e ��ce qu'elles deviennent des membres plus productifs de la communaut��mondiale.

Comme la secr��aire d'��at (ministre des affaires ��rang��es), Mme Madeleine Albright, l'a si bien dit, la participation des femmes, qui repr��entent la moiti��de la population mondiale,est n��essaire, car on ne peut tenir le ciel ��bout de bras avec uniquement 50 % de la population.

Question - Quelle a ����l'incidence de la conf��ence du Caire sur les ��ats-Unis ?

Mme Taft - Nous y avons tous appris ��associer plusieurs questions : la population, l'environnement, le d��eloppement, les droits de la personne, etc. La quasi totalit��des ����ents issus du Caire sont devenus des bases de la Conf��ence des femmes qui a eu lieu en 1995 ��P��in. Il s'agit l��de retomb��s importantes.

Pour les ��ats-Unis, la conf��ence du Caire a suscit��un processus de planification interminist��ielle. Nous avons maintenant un Conseil interminist��iel sur les femmes qui joue un r��e actif en faveur de la mise en ��uvre de l'accord issu de la conf��ence de P��in. Au sein du d��artement d'��at (minist��e des affaires ��rang��es), nous avons un objectif international qui est de tenter de stabiliser la croissance d��ographique mondiale, en tant qu'����ent cl��de notre politique ��rang��e. Nous avons ��alement des initiatives sp��iales sur les droits des femmes au niveau international et sur la protection des femmes et des jeunes filles contre la traite.

Nous avons ��alement assist����des changements l��islatifs importants. Imm��iatement apr�� la conf��ence du Caire, le Congr�� a adopt��une loi qui assure l'acc�� total aux services de sant�� g����ique en criminalisant l'usage de la force ��l'encontre des dispensateurs de soins de sant��g����ique ou de leurs patientes. Et il y a eu une d��ision r��ente qui exige que les plans d'assurance des fonctionnaires f����aux couvrent les contraceptifs. Ces deux d��isions sont l'une et l'autre tr�� importantes.

Divers organismes du gouvernement des ��ats-Unis ont entrepris un certain nombre d'activit��, toutes ax��s sur le bien-��re des femmes, qui ont vu le jour au Caire et qui ont ����renforc��s ��P��in. Nous les voyons prendre racine au niveau national aux ��ats-Unis, certainement au sein du gouvernement Clinton.

Je tiens ��alement ��indiquer que ces diverses activit�� constituent une ��ude de cas tr�� int��essante sur la soci���� civile. Depuis la conf��ence du Caire, les organisations non gouvernementales, y compris les organisations de planification familiale et de sant�� de d��eloppement, de protection infantile, de d��ense de l'environnement, de droits de l'homme, et les associations f��inines, ont ���� amen��s �� participer ��la recherche, d'une mani��e int��r��, de moyens de stabiliser la croissance d��ographique mondiale. Nous avons conclu de tr�� solides partenariats avec ces groupes.

Question - Le droit ��la planification familialepeut-il faire l'objet d'abus ?

Mme Taft - Certaines personnes qui s'opposent aux prestations de planification familiale le font en raison de mesures c��rcitives de planification familiale, de st��ilisations forc��s et d'avortements forc�� qui semblent avoir lieu dans certains pays et qui sont clairement des actes contraires aux droits fondamentaux de la personne.

Personne ne veut que quiconque soit forc��de faire quelque chose qui lui nuit ou qui nuit ��sa famille. Les femmes qui veulent ��re st��ilis��s ou interrompre une grossesse doivent ��re pleinement inform��s des possibilit�� qui s'offent ��elles. Et si elles choisissent la st��ilisation ou l'interruption volontaire de grossesse, il faut que ce choix ne pr��ente aucun danger pour elles.

De puissants arguments qui militent en faveur de mesures qui permettent ��toute personne de prendre en connaissance de cause des d��isions au sujet de sa vie, du nombre de ses enfants et de l'espacement de leur naissance. C'est un droit fondamental, car il aide les personnes, qu'il s'agisse des femmes ou de leur ��oux ou partenaire, ��d��ider du cours de leur existence.

Nous sommes tous oppos�� ��la c��rcition, mais ce fait n'est pas toujours pr��ent��comme il devrait l'��re.

Question - Qu'en est-il de l'opposition de certains parlementaires des ��ats-Unis au financement des programmes de planification familiale ��l'��ranger ?

Mme Taft - Je pense qu'une minorit��de parlementaires consid��e que le planification familiale est un encouragement �� l'avortement.

Or, il est faux de dire que le planification familiale et l'avortement sont une seule et m��e chose. Personne n'approuve ni ne tol��e la pratique de l'avortement en tant que m��hode de planification familiale. Malgr��cela, lorsque nous encourageons des m��hodes sans danger en mati��e de planification familiale, les d��racteurs en reviennent syst��atiquement ��l'avortement.

Il faut que tout le monde sache que le gouvernement des ��ats-Unis n'appuie pas l'avortement en tant que m��hode de planification familiale. Dans nos programmes ��l'��ranger, nous ne permettons pas le financement de l'avortement en tant que m��hode de planification familiale ni m��e la promotion de changements l��islatifs pour permettre l'avortement ��l'��ranger.

En revanche, nous sommes fermement persuad�� que les organisations devraient pouvoir, avec leurs propres ressources financi��es, exercer les droits que leur reconna�� la r��lementation du pays o��elles ont leur si��e, qu'il s'agisse de fournir des services d'avortement sans danger ou de militer en faveur de ces services. C'est pourquoi le gouvernement Clinton s'oppose ��ce que l'on appelle ��nbsp;la politique de Mexico �� que pr��onisent certains parlementaires.

Nous estimons qu'il est inappropri��de limiter nos capacit�� de financer des organisations, o��qu'elles soient situ��s, pour leur permettre d'agir conform��ent aux lois qui leur sont applicables.

(Note de la r��action : la ��nbsp;politique de Mexico �� appliqu�� par les gouvernements Reagan et Bush, mais ��laquelle le pr��ident Clinton a mis fin, avait supprim��toute aide des ��ats-Unis au titre de la planification familiale aux organisations non gouvernementales (ONG) ��rang��es qui effectuaient des avortements de fa��n licite ou dont les activit�� ��aient li��s ��l'avortement, m��e lorsque ces activit�� ��aient financ��s au moyen de leurs propres fonds. Certains parlementaires souhaitent que le Congr�� vote une loi qui impose l'application de la ��nbsp;politique de Mexico ��.

Question - Les ��ats-Unis coop��ent-ils avec l'Organisation des Nations unies en mati��e de population ?

Mme Taft - Bien entendu. Nous appuyons plusieurs organisations internationales sur ces questions, en particulier le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), qui est le plus grand fournisseur d'aide multilat��ale dans ce domaine. Ses programmes compl��ent l'aide bilat��ale fournie par les ��ats-Unis et les autres donateurs. Le FNUAP dispense des services de planification familiale, des soins de sant��maternelle et infantile, ainsi que d'autres services tr�� n��essaires et demand��, ��plus de 160 pays. C'est lui qui est charg��de pr��arer l'examen quinquennal des r��ultats de la conf��ence du Caire.

Nous appuyons ��alement les activit�� de plusieurs autres organismes. L'UNICEF joue un r��e cl��dans le domaine de la sant�� et de la protection infantiles. L'ONUSIDA est un organisme de cr��tion relativement r��ente qui joue un r��e de premier plan dans la lutte mondiale contre le VIH et le sida. L'OMS, le PNUD et la Banque mondiale ont ��alement des programmes importants dans ces domaines. Nous collaborons tr�� ��roitement avec toutes ces organisations.

Question - Comment les autres pays r��gissent-ils au programme d'action du Caire ?

Mme Taft - Les r��ctions varient, je crois, en fonction de la situation politique, ��onomique et sociale du pays. Dans l'ensemble, nous avons assist����un grand nombre de succ��. Des voix venues de divers pays en d��eloppement, en particulier des voix de femmes, s'����ent en faveur d'un acc�� ��al ��l'��ucation, de l'information accrue sur la planification familiale et de l'am��ioration des soins de sant��g����ique.

En Turquie, les organisations non gouvernementales ont agi vigoureusement sur la question de l'��ucation des filles et ont obtenu certains changements politiques dans ce domaine. Je pense que nous voulons tous que les filles soient scolaris��s suffisamment longtemps pour qu'elles aient plus tard une influence importante sur les plan politique, ��onomique et social dans leur pays et pour qu'elles se voient ainsi accorder plus de respect et offrir plus de possibilit��.

Le N��al a fait un excellent travail dans le domaine de la mortalit��maternelle, notamment en ce qui concerne les soins apr�� l'accouchement, afin de r��oudre ce probl��e particuli��ement grave.

Ce que tous les pays feront cette ann��, en vue de l'��aluation quinquennale des r��ultats de la conf��ence du Caire, c'est de pr��arer un bulletin de notes, en quelque sorte, sur les progr�� accomplis et sur les obstacles qui restent ��surmonter. Je pense qu'il serait tr�� utile que tous les pays rendent compte tr�� ouvertement de ce qui a r��ssi et de ce qui n'a pas r��ssi, ce qui permettrait de voir si nous avons des enseignements ��tirer de nos exp��iences respectives.

Question - Quels ont ����les r��ultats de la conf��ence du Caire��l'��helon mondial ?

Mme Taft - Je ne peux pas vraiment r��ondre ��cette question parce que nous ne disposons pas encore de tous les renseignements. Rappelez-vous que la conf��ence du Caire a eu lieu il y a seulement quatre ans et que les statistiques ne remontent qu'�� deux ans.

Nous pouvons n��nmoins, je crois, quantifier un certain nombre de choses. La mortalit��maternelle a commenc��de diminuer. La l��islation de certains pays a ����modifi��. Diverses mesures ont ����prises pour lutter contre la violence envers les femmes. Plusieurs conf��ences internationales ont port��sur les moyens de lutte contre la traite des femmes. Ce sont des r��ultats remarquables, qui n'��aient m��e pas envisag�� jusqu'��une date tr�� r��ente. Tout cela a donc ���� tr�� positif.

Question - Que se passera-t-il ��la r��nion de la Haye en f��rier 1999 ? Le programme d'action du Caire doit-il ��re r��is��nbsp;?

Mme Taft - Les ��ats-Unis ne sont pas partisans d'une r��ision ou d'une r��uverture des n��ociations sur ce qui a ���� si bien n��oci��il y a quatre ans. En fait, le programme d'action est pr��u pour une p��iode de vingt ans. Donc ce que nous voulons faire, c'est parler de ce qui s'est pass��au cours des cinq ann��s ��oul��s, analyser les succ�� que nous avons remport�� et les d��is auxquels nous devons faire face.

C'est ��alement une r��ffirmation de l'importance que nous attachons ��la responsabilit�� Tous les participants veulent s'assurer que le programme est sur la bonne voie, en vue de la r��lisation de ses objectifs. Il va falloir tenir le cap et honorer les engagements d����pris pour atteindre tous les objectifs de la conf��ence du Caire.

Il se passera deux choses ��la r��nion de la Haye. En premier lieu, les ONG auront l'occasion de se r��nir pour partager leurs exp��iences et leurs ��aluations des progr�� accomplis ��ce jour.

Et puis il y aura un forum avec les repr��entants de tous les pays qui ��aient pr��ents au Caire. Ceux-ci exposeront les progr�� r��lis�� par leurs pays respectifs et les d��is qu'ils doivent encore relever.

Plus tard au cours de l'ann��, l'Assembl�� g����ale des Nations unies tiendra une session extraordinaire en vue de faire conna��re officiellement les r��ultats obtenus depuis la conf��ence du Caire. Ce ne sera pas tout. Nous ferons r��uli��ement le point de la situation de mani��e ��ce que dans quinze ans nous puissions constater que les droits de la personne sont reconnus partout et que tous les habitants de notre plan��e ont acc�� aux services de sant�� Je pense que l'��an a ����donn��et je m'attends ��le voir prendre de l'ampleur au cours de l'ann�� prochaine.

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Propos recueillis par Edmund Scherr, r��acteur de l'USIA sp��ialis��dans les questions d'ordre mondial, notamment celles ayant trait ��la population.


Dossiers mondiaux
Revue électronique de l'USIA, volume 3, numéro 2, septembre 1998