Vers une r・olution bleue
Extrait de la revue Population Reports, septembre 1998 |
La plan・e a autant besoin d'une r・olution bleue ayant pour enjeu la gestion de l'eau que d'une nouvelle r・olution verte dans l'agriculture. Le temps nous est compt・ La diminution des ressources en eau douce par habitant met des millions de personnes dans une situation pr・aire, sur le plan tant de la sant・que du niveau de vie, sans compter qu'elle sape la productivit・agricole et le d・eloppement industriel. Pour qu'une r・olution bleue porte ses fruits, il faudra s'employer ・coordonner les politiques ・l'・helon international, national et local et opposer un front commun aux probl・es de l'eau qui se posent ・ces niveaux. Les actions ・l'・helle internationale Les pays qui ont particip・aux diverses conf・ences internationales sur l'eau tenues au cours des vingt derni・es ann・s ont r・ondu favorablement aux nombreuses recommandations adopt・s. Malheureusement, ・en juger d'apr・ le comportement de la plupart des organismes internationaux de d・eloppement et des gouvernements, il y a bien loin de la coupe aux l・res. C'est en 1977 que la sonnette d'alarme fut tir・ pour la premi・e fois, lors de la Conf・ence des Nations unies sur l'eau qui eut lieu ・Mar-del-Plata, en Argentine. Plusieurs autres suivirent, dont la Consultation mondiale sur la salubrit・de l'eau et l'hygi・e dans les ann・s 1990, tenue ・New-Dehli en 1990, et la Conf・ence internationale sur l'eau et l'environnement, qui se d・oula ・Dublin en 1992. Les principes de Dublin, adopt・ lors de la conf・ence de 1992, r・apitulent les principes d'une gestion durable de l'eau. En 1997, des sp・ialistes proc・・ent ・l'inventaire exhaustif des ressources mondiales en eau douce en pr・ision de la cinqui・e session de la Commission du d・eloppement durable de l'ONU. Comme le rappelle le secr・aire-g・・al dans un rapport rendu public en 1998, ・nbsp;les experts concluent que les p・uries d'eau et la pollution ont pour effet de cr・r des probl・es de sant・publique sur une vaste ・helle, de limiter le d・eloppement ・onomique et agricole et de nuire ・un large ・entail d'・osyst・es. Ces difficult・ risquent de compromettre l'approvisionnement en denr・s alimentaires au plan mondial et de provoquer la stagnation ・onomique dans maintes r・ions du monde. On pourrait alors assister ・toute une s・ie de crises hydriques locales et r・ionales, avec de graves cons・uences ・l'・helle du globe. ・/P> Faire les investissements n・essaires. La mise en pratique de ces principes se r・・era une t・he ardue. La plupart des pays ont en effet besoin d'investir massivement dans l'infrastructure sanitaire et de l'alimentation en eau. Dans le monde d・elopp・ par exemple, le Royaume-Uni devra consacrer pr・ de soixante milliards de dollars ・la construction d'usines de traitement des eaux us・s, et ce dans les dix ann・s ・venir, pour satisfaire aux nouvelles normes europ・nnes relatives ・la qualit・de l'eau. Un tel investissement revient ・environ mille dollars par habitant. La Hongrie se heurte ・des difficult・ du m・e ordre. Le cinqui・e de sa population n'est pas raccord・ ・un syst・e de tout-・l'・out qui soit en ・at de fonctionnement. Ce pays devra investir environ 3,5 milliards de dollars au cours des vingt prochaines ann・s pour brancher tous les foyers ・des r・eaux d'assainissement. Dans les pays en d・eloppement, la n・essit・d'investir lourdement dans l'infrastructure sanitaire et la distribution d'eau propre constitue assur・ent l'un des imp・atifs les plus pressants. Selon les estimations de la Banque mondiale, il faudra consacrer entre six cents milliards et huit cents milliards de dollars dans les dix ann・s ・venir pour r・ondre ・la demande totale d'eau douce, si l'on inclut les besoins li・ ・l'infrastructure sanitaire, ・l'irrigation et ・la demande d'・ectricit・ Or la Banque mondiale ne sera en mesure de pr・er qu'entre trente-cinq et quarante milliards de dollars tout au plus. Le reste devra provenir de fonds publics et d'investissements priv・. La plupart des pays en d・eloppement auront le plus grand mal ・mobiliser les capitaux n・essaires, ・supposer m・e qu'ils puissent en d・ager ne serait-ce qu'une partie. Rien qu'en Am・ique latine, par exemple, on estime que le montant des investissements n・essaires dans la gestion et l'infrastructure des ressources en eau s'・・era ・cent milliards de dollars au cours des vingt prochaines ann・s. Eviter les conflits internationaux. Une composante importante de toute strat・ie internationale de gestion de l'eau consiste ・aider les pays qui partagent des bassins fluviaux ・・aborer des politiques viables destin・s ・favoriser une gestion plus ・uitable des ressources en eau. Un monde dans lequel l'eau fait d・aut est un monde n・essairement instable. Pr・ de cent pays se partagent en tout et pour tout treize grands fleuves et lacs. Plus de deux cents syst・es de cours d'eau traversent des fronti・es internationales. Des conflits peuvent surgir, en particulier dans les pays o・une croissance d・ographique rapide et le caract・e limit・des terres arables s'av・ent difficilement conciliables avec le partage des ressources en eau douce. Le cas de l'Inde et du Bangladesh d・ontre que l'on peut g・er un bassin fluvial international de mani・e ・satisfaire les besoins m・e lorque les ressources en eau sont limit・s. Le Gange, le fleuve le plus long et le plus important du sous-continent, prend sa source au N・al et coule sur deux mille deux cent quarante kilom・res ・travers trois ・ats indiens ・forte densit・de population (Uttar Pradesh, Bihar et Bengale occidental) avant d'entrer au Bangladesh et de se jeter dans la baie du Bengale. Ce fleuve affecte l'existence de cinq cents millions d'individus, beaucoup d'entre eux en ・ant tributaires pour l'agriculture et la p・he de subsistance. Apr・ un demi-si・le d'・res rivalit・ sur la question de l'acc・ au Gange, l'Inde et le Bangladesh sign・ent en d・embre 1996 un accord de partage de l'eau qui doit rester en vigueur pendant trente ans. Les deux pays proclam・ent alors l'av・ement d'une ・e nouvelle dans la gestion de l'eau. Si toutes ses dispositions sont mises en application, cet accord garantira au Bangladesh une quantit・minimale d'eau au cours de la saison s・he, en particulier en mars, avril et mai, les trois mois les plus secs de l'ann・. Ce nouveau trait・pr・oit des p・iodes de dix jours au cours de ces trois mois pendant lesquelles l'Inde et le Bangladesh auront ・tour de r・e acc・ ・une quantit・d・ermin・ d'eau au barrage de Farakka, immense structure ・ig・ par l'Inde en 1974 pour tenter de capter le plus d'eau possible avant que le Gange ne franchisse la fronti・e avec le Bangladesh. Une ・uipe d'inspecteurs repr・entant ces deux pays mesurera le d・it du fleuve au barrage de Farakka pendant la saison s・he de fa・n ・surveiller l'application de l'accord. Si l'on veut parvenir ・des r・ultats ・long terme, d'aucuns font observer que l'Inde doit commencer par mieux g・er le bassin-versant du Gange. Le d・oisement au N・al et dans le nord de l'Inde a consid・ablement accru la quantit・de s・iments qui sont charri・ le long des versants ・l'・oque de la mousson, ce qui obstrue les voies navigables et accro・ l'incidence d'inondations destructrices. Si l'on ne trouve pas des moyens de capter davantage d'eaux de ruissellement stable pendant la saison humide pour constituer des r・erves qui seront mobilisables pendant la saison s・he, les agriculteurs indiens pourraient bien ・re tent・ de puiser toute l'eau qu'ils peuvent dans le fleuve pendant la saison s・he. Voil・qui compliquerait assur・ent l'application de l'accord. Pour autant, le fait que deux pays voisins soient parvenus ・n・ocier et ・conclure un accord d・aill・sur une question aussi contentieuse constitue un signe positif. Le Bangladesh, qui est situ・en aval, pourrait avoir un acc・ plus ・uitable ・l'eau du Gange tandis que l'Inde pourrait ・re amen・ ・am・iorer ses pratiques de gestion de l'eau en amont. Les actions ・l'・helle nationale Dans les pays o・l'eau manque, les gouvernements doivent accorder la plus haute priorit・・la gestion de leurs ressources hydriques. La formulation et l'application d'une strat・ie nationale vis-・vis de l'eau s'av・ent essentielles au d・eloppement soutenu.Une telle strat・ie devrait s'articuler autour des quatre principes suivants :
Agir ・l'・helle des bassins-versants. Cette expression s'applique ・la gestion d'un espace g・graphique drain・par tous les cours d'eau qu'il alimente et qui se jettent dans une masse d'eau quelconque (par exemple une baie, plus ou moins ouverte sur le large). La gestion d'un bassin fluvial rel・e du m・e concept, la seule diff・ence ・ant qu'elle concerne un seul syst・e de cours d'eau, encore que les deux termes s'emploient de fa・n interchangeable. Les ・ats-Unis d・inissent un bassin-versant comme ・ant l'ensemble du territoire drain・par un syst・e de cours d'eau ou par l'un des affluents principaux d'un fleuve. Pour les Britanniques, un bassin-versant recouvre toute la r・ion situ・ entre deux bassins fluviaux, ce qui peut correspondre ・une superficie nettement plus ・endue. Quelle que soit la d・inition retenue, ・nbsp;il importe de consid・er les cours d'eau et les lacs, avec le bassin hydrographique qu'ils forment et tous leurs ・・ents physiques, chimiques et biologiques, comme une composante d'un syst・e complexe et int・r・nbsp;・ selon Janet Abramovitz, du Worldwatch Institute. Les bassins-versants sont l'affaire de chacun : nous vivons tous dans des bassins qui drainent l'eau de pluie, entra・・ vers des ruisseaux et des rivi・es eux-m・es destin・ ・rejoindre l'oc・n ou des lacs int・ieurs. Les ・res humains install・ dans la plupart de ces bassins ont profond・ent modifi・les syst・es de drainage naturel. Dans bien des pays en d・eloppement, la main de l'homme a caus・la ruine des bassins-versants : lorsque les collines ont ・・d・ouill・s de leur v・・ation, le ruissellement emporte chaque ann・ avec lui des tonnes de particules de terre qui se trouvent d・ers・s dans les cours d'eau, ce qui provoque des inondations pendant les saisons humides et l'asphyxie de la faune et de la flore aquatiques pendant les saisons s・hes. Le d・oisement a d・rad・des terres et modifi・des climats, et il est responsable de la diminution des pr・ipitations dans certaines r・ions. Dans d'autres, l'eau ruisselle si vite qu'il est impossible d'en recueillir beaucoup en pr・ision d'un usage ult・ieur. En Afrique subsaharienne, par exemple, l'effet alb・o - l'ass・hement du paysage cons・utif au d・oisement ・grande ・helle des for・s tropicales et ・l'application de pratiques agricoles peu judicieuses - explique que le r・ime des pluies ait ・・ ces quarante derni・es ann・s, inf・ieur ・la moyenne calcul・ sur un si・le. La gestion des bassins-versants et des bassins fluviaux procure de multiples avantages. La valeur ・onomique du maintien des ・osyst・es est importante. La valeur d'une plaine inondable intacte, par exemple, si l'on tient compte des facteurs p・he, faune et flore sauvages, loisirs, et de la limitation naturelle des inondations, a ・・chiffr・ ・pr・ de cinq mille dollars par hectare. Selon une autre estimation, la valeur d'un hectare de terres mar・ageuses atteindrait quinze mille dollars. Dans l'id・l, un plan exhaustif de gestion des eaux doit mobiliser les collectivit・ et les individus et b・・icier ・l'・helon national du vaste soutien du public. Cela dit, la gestion d'un bassin hydrographique n'est pas une mince affaire. C'est un processus complexe et ・ineux qui fait intervenir de nombreux acteurs, lesquels revendiquent chacun un usage particulier des ressources en eau. Rares sont les pays qui ont r・ssi ・se doter de strat・ies viables en mati・e de gestion des bassins-versants. La baie de Chesapeake, le plus vaste estuaire d'eau saum・re d'Am・ique du Nord, fait l'objet d'un des rares plans exhaustifs de gestion d'un bassin hydrographique qui soit en vigueur au monde. Un certain nombre d'autres pays ont eux aussi institu・des plans de gestion de bassins fluviaux ou ils sont en passe de le faire. La Commission australienne du bassin fluvial Murray-Darling, par exemple, est un organisme intergouvernemental qui a pour mission de coordonner la gestion des ressources en eau d'un ・at ・un autre dans l'ensemble de ce bassin fluvial, le plus vaste du pays. Les capacit・ techniques de la Commission recouvrent une gamme d・aill・, puisqu'elles portent notamment sur la gestion fluviale et l'・ologie, les retomb・s ・ologiques, les finances, l'administration et les communications. Toutes les activit・ de d・eloppement ・l'int・ieur de ce bassin fluvial rel・ent de la juridiction de la commission, et tous les organismes publics li・ ・la gestion de l'eau et aux usages qu'on en fait sont tenus de collaborer avec elle. En Inde, ・la suite de la loi de 1987 relative ・la politique nationale de l'eau, les ・ats du Radjasthan et du Gujarat, s'emploient actuellement ・constituer un comit・qui sera charg・de r・lementer et de contr・er l'utilisation d'eau dans le bassin du Sabarmati, qui chevauche ces deux ・ats. Le volume moyen d'eau disponible dans le bassin de ce fleuve correspond tout au plus ・360 m・res cube par personne et par an, ce qui place cette r・ion parmi plus hydriquement stress・s du globe. L'eau est une ressource non seulement tr・ limit・, mais aussi de plus en plus pollu・ par l'agriculture. Bien d・ermin・・faire face ・ces difficult・, le Comit・aura pour t・he de r・lementer et de g・er les ressources en eau de l'ensemble du bassin fluvial en prenant soin de donner voix au chapitre aux repr・entants de tous les grands groupes d'usagers. Il esp・e ainsi rallier le vaste soutien du public et des institutions et compte se doter d'une structure capable de faire appliquer le principe du ・nbsp;pollueur-payeur ・et de faire payer un prix ・uitable aux principaux usagers. Si ce syst・e se r・・e viable, il pourrait ・re ・endu ・d'autres r・ions de l'Inde ・forte densit・de population, mais pauvres en eau. Par ailleurs, il convient de mieux prot・er et de mieux g・er ・la source les ressources en eau douce qui naissent dans les r・ions montagneuses, fait observer l'organisation non gouvernementale Mountain Agenda, qui s'int・esse au d・eloppement soutenu en montagne. Selon cette organisation, la part de l'eau provenant des montagnes peut repr・enter jusqu'・soixante pour cent des ressources totales en eau douce mobilisables dans les bassins-versants en zone humide, et jusqu'・quatre-vingt-quinze pour cent en zone aride. Asseoir la capacit・institutionnelle. La gestion durable des bassins-versants et des bassins fluviaux suppose la cr・tion de la capacit・institutionnelle, et notamment la mise en place de syst・es sectoriels r・iproques de collecte et de suivi des donn・s. L'・ablissement d'une telle capacit・constitue un th・e essentiel des organisations internationales qui encouragent le changement, ・commencer par la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le d・eloppement et le Global Water Partnership. Il suppose l'adoption des mesures suivantes :
La valeur des ressources en eau douce. La valeur de l'eau douce doit refl・er la raret・de cette ressource au lieu d'・re trait・ comme si elle ・ait gratuite ou presque. Comme le fait remarquer l'Organisation de coop・ation et de d・eloppement ・onomiques, la mise en place d'une politique ad・uate de fixation des prix peut encourager les usagers ・consommer l'eau de fa・n respectueuse pour l'environnement et contribuer ainsi ・une offre ad・uate. ・cette fin, on doit s'attacher ・d・erminer convenablement la valeur de l'eau en fonction de ses divers usages. L'introduction de march・ de l'eau et de m・anismes de fixation des prix peut avoir des effets imm・iats et durables sur la consommation. Plusieurs exemples d・ontrent clairement qu'il est possible d'estimer la valeur de l'eau plus sensiblement qu'on ne le fait g・・alement. Dans le milieu des ann・s 1980, le Chili a ainsi ・abli un march・de l'eau qui a ・・・l'origine d'・onomies d'eau et qui a permis aux agriculteurs de satisfaire leurs besoins en encourageant la concertation et les ・hanges entre exploitations voisines. Une ・ude de la Banque mondiale sur le syst・e du march・de l'eau a conclu que ce m・anisme avait contribu・dans une grande mesure ・l'am・ioration de la gestion et ・l'・ablissement de prix plus ・uitables. De m・e, en Californie m・idionale, l'une des r・ions chroniquement les plus marqu・s par les p・uries d'eau dans un ・at au d・icit hydrique notoire, la compagnie des eaux du comt・de San Diego a conclu un accord avec les agriculteurs de la Vall・ imp・iale, ・l'est de la ville qui donne son nom au comt・ Elle les encourage ・conserver jusqu'・deux cent cinquante millions de m・res cubes d'eau par an qu'ils revendent au comt・ ce qui finance les mesures de conservation et le versement des incitations aux agriculteurs. Le comt・de San Diego y gagne parce que l'eau lui co・e forc・ent moins cher, et les agriculteurs se font payer pour conserver cette pr・ieuse ressource. Une telle formule pourrait bien r・olutionner la dynamique de la consommation d'eau dans toute la Californie. Dans l'・at de Sao-Paulo, le plus peupl・du Br・il et celui o・les ressources en eau sont particuli・ement mises ・rude ・reuve, la demande croissante des municipalit・, des industries et de l'agriculture menace de paralyser les moyens de gestion des volumes mobilisables, du reste fort maigres. Le projet de loi relatif ・la tarification de l'eau qui a ・・soumis ・la l・islature de l'・at en 1997 pourrait servir de charpente ・une politique de gestion de l'eau enti・ement nouvelle. En vertu de ce texte, le prix de l'eau serait d・ermin・par la source d'approvisionnement, le type d'usage (municipal, industriel ou agricole) et la disponibilit・de l'eau. Les redevances per・es seraient alors r・nvesties dans l'infrastructure de la gestion de l'eau. G・er l'eau pour les besoins sectoriels. Pour qu'un syst・e de gestion d'eau soit viable, il faut que la capacit・institutionnelle soit capable d'・uilibrer les besoins sectoriels pour le bien de l'ensemble de la soci・・et de tenir compte des ・osyst・es. Plus que la p・urie absolue d'eau, c'est souvent la distribution de cette ressource qui figure au centre des probl・es hydriques nationaux. En l'absence de politiques qui lient l'approvisionnement en eau douce aux usages sectoriels concurrentiels, on assiste souvent ・des p・uries ・l'・helon local et r・ional, et la concurrence devient de plus en plus f・oce. Dans les pays en d・eloppement, il est difficile de satisfaire la demande sectorielle parce que la plupart d'entre eux ne disposent pas de syst・e efficace de gestion d'eau ni de politique ・uitable des prix li・ ・l'usage de cette ressource. Le cas de la Chine illustre clairement ce ph・om・e : bien qu'elle ait adopt・une loi nationale relative ・l'eau en 1988, la coordination de la consommation sectorielle de cette ressource demeure quasi inexistante entre le minist・e des ressources en eau, les comit・ des bassins fluviaux et les diverses autorit・ provinciales et locales. Les actions ・l'・helle locale Que l'eau puisse ・re utilis・ plus rationnellement, en ville comme en milieu rural, m・e dans les r・ions qui connaissent des p・uries, des initiatives engag・s ・l'・helon local le montrent clairement. En outre, les collectivit・ qui am・iorent la gestion de leurs ressources en eau douce sont aussi celles que l'on voit soucieuses de mieux g・er leurs sols et leurs for・s, d'accro・re leur production agricole et de r・uire l'incidence des maladies. Les d・arches effectu・s ・l'・helon local ont parfois abouti l・m・e o・les municipalit・ ont achopp・sur le financement de l'approvisionnement en eau potable ou la mise en place de l'infrastructure sanitaire. Il n'est qu'・consid・er les exemples suivants :
Comme le montre cet exemple, il est possible d'approvisionner les quartiers m・e d・avoris・ en eau potable ・un co・ abordable pour les consommateurs et acceptable par les compagnies des eaux. Des ・udes effectu・s r・emment dans un certain nombre de pays confirment d'ailleurs que les populations d・unies sont pr・es ・se s・arer de leurs deniers pour avoir acc・ ・l'eau courante et ・des installations sanitaires, ・condition qu'on leur en donne l'occasion. Dans la ville nig・iane d'Onitsha, par exemple, les m・ages pauvres consacraient jusqu'・dix-huit pour cent de leur maigre revenu mensuel ・l'achat d'eau ・des marchands ambulants ; quand ils ont ・・raccord・ ・un r・eau d'eau potable, leur facture d'eau absorbait ・peine cinq pour cent de leur revenu. Passer ・l'action. Si l'on veut que les plans de gestion de l'eau se r・・ent soutenables ・long terme, les collectivit・ locales devraient jouer un r・e actif dans leur planification et leur ex・ution. Les communes pauvres, en particulier, ont r・ssi ・mettre en place des syst・es autonomes de distribution locale en concluant des arrangements sp・iaux soit avec une compagnie des eaux, soit avec des vendeurs priv・. Certaines collectivit・ ont cr蜑 des points de vente g・・ ・l'・helon communautaire ou assur・elles-m・es le fonctionnement de syst・es autonomes de distribution d'eau. Comme on l'a fait remarquer pr・・emment, le fait d'avoir acc・ ・de l'eau propre exerce un effet positif sur l'hygi・e, la sant・et le bien-・re des m・ages. Les foyers devraient pouvoir s'approvisionner en eau le plus pr・ possible de chez eux et le dispositif d'adduction devrait ・re fiable. Lorsqu'on envisage d'・uiper les m・ages pauvres en eau courante, il convient de tenir compte du volume dont ils auront besoin, de proc・er en fonction de crit・es techniques appropri・ et de fixer le prix du m・re cube dans les limites des moyens des usagers. Les programmes d'approvisionnement en eau et de sant・publique doivent mettre l'accent sur l'・ucation en mati・e de soins pr・entifs et encourager l'usage d'eau propre pour l'hygi・e personnelle et les besoins de la famille. Changer le cap La gestion durable des ressources en eau r・ond ・un besoin ressenti sur toute la plan・e, mais nous n'avan・ns pas assez vite dans la bonne direction. ・nbsp;Si nous ne changeons pas de cap, nous risquons d'arriver ・l'endroit vers lequel nous nous dirigeons ・ dit un proverbe chinois. Si nous ne nous engageons pas dans une nouvelle voie, nous devons nous attendre ・voir davantage de r・ions conna・re des p・uries d'eau, davantage de gens souffrir, davantage de conflits li・ ・l'eau, davantage d'・osyst・es pr・ieux d・ruits dans les terres mar・ageuses. Si une crise de l'eau douce semble in・itable dans maintes r・ions mal loties, dans d'autres on pourrait ma・riser la situation ・condition de formuler des politiques et des strat・ies judicieuses, de forger un consensus et d'agir sans tarder. La communaut・internationale porte une attention accrue aux probl・es de l'eau ・l'・helle du globe, et un certain nombre d'organisations pr・ent leur concours sous forme de fonds et d'assistance ・la gestion de l'offre et de la demande d'eau. On observe de plus en plus fr・uemment la mise en place de m・anismes ・m・e de favoriser une gestion plus ・uitable de l'eau. Les pays qui connaissent une situation de ・nbsp;stress hydrique ・s'emploient ・introduire des m・anismes plus justes de fixation des prix, ・encourager l'adoption de plans de gestion de l'eau ・l'・helon des collectivit・ et ・se doter progressivement de r・imes de gestion des bassins-versants et des bassins fluviaux. Il convient de multiplier et d'intensifier consid・ablement ces activit・. Par ailleurs, un autre constat s'impose : celui du ralentissement de la croissance d・ographique, li・・l'int・・ que portent la communaut・internationale et les responsables nationaux aux programmes de planification de la famille et auquel se conjugue la demande croissante de contraception parmi la population. Pour satisfaire les besoins, les gouvernements nationaux et les bailleurs de fonds internationaux doivent consolider leur attachement ・la planification familiale, ・l'am・ioration des conditions sanitaires, ・la lutte contre la pollution et ・l'・adication des maladies hydriques. La prise de conscience mondiale des liens entre l'accroissement rapide de la population et la diminution des ressources en eau douce constitue un ・・ent fondamental de toute solution ・long terme. La sensibilisation au probl・e, le savoir et la sollicitude, tels sont les mots-cl・ qui peuvent nous aider ・trouver la volont・politique d'・iter une crise et ・faire na・re l'engagement qui s'impose pour veiller ・ce que l'humanit・puisse assouvir sa soif constante d'eau douce sans ・uiser cette ressource mondiale, qui existe en quantit・finie.
La revue Population Reports est une publication trimestrielle du Programme d'information d・ographique, qui s'ins・e dans le Center for Communication Programs de la Facult・de sant・publique de l'universit・Johns Hopkins, ・Baltimore dans le Maryland.
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