Comment renforcer la coop・ation entre les d・ocraties


R・emment, d'・inents sp・ialistes, notamment le ministre des affaires ・rang・es de la R・ublique de Pologne, M. Bronislaw Geremek, le pr・ident de la National Endowment for Democracy, M. Carl Gershman, le directeur du service de planification politique au d・artement d'・at, M. Morton Halperin, et le doyen et professeur de relations internationales ?l'・ole des ・udes internationales avanc・s (SAIS) de l'universit?Johns Hopkins, M. Paul Wolfowitz, se sont r・nis ?Washington lors d'une table ronde pour discuter des r・ultats escompt・ de la Conf・ence en vue d'une communaut?des d・ocraties qui aura lieu ?Varsovie au mois de juin. L'un des objectifs propos・ des travaux de cette conf・ence sera " d'associer les gouvernements au processus de d・inition et de red・inition de la d・ocratie ". On trouvera ci-apr・ des extraits des d・ats ・anant des participants ?la table ronde et de questions qu'ont pos・s les invit・ ?ces discussions.

M. Wolfowitz - Permettez-moi de dire quelques mots, de mon point de vue, sur l'immense importance du sujet dont nous allons discuter ce matin : comment renforcer la coop・ation entre les d・ocraties. Nous avons le privil・e de compter parmi nous aujourd'hui le ministre des affaires ・rang・es de Pologne, qui a ch・ement acquis son autorit?dans ce domaine.

Au milieu des ann・s 1980, alors que j'・ais secr・aire d'・at adjoint pour l'Asie de l'Est, nous commencions ?percevoir des possibilit・ de r・orme d・ocratique aux Philippines et certains de nos coll・ues nous ont mis en garde : " Soyez prudents, s'il s'y instaure un r・ime d・ocratique, vous allez perdre les bases am・icaines dans ce pays. " Pour r・umer bri・ement, le pr・ident Ronald Reagan, le secr・aire d'・at George Shultz et nos instances gouvernementales ont d・id?qu'il valait bien mieux avoir un pays sain sans bases, qu'avoir des bases dans un pays malade. Et je crois que l'histoire a amplement confirm?le bien-fond?de cette d・ision.

En fait, je crois que si l'on examine la situation en Asie de l'Est, r・ion qui a subi une terrible crise financi・e ces derni・es ann・s, ce sont les pays d・ocratiques qui se sont retrouv・ en meilleure posture quand la crise a frapp?et ce sont ces m・es pays d・ocratiques qui s'en remettent le mieux. Nous avons tous entendu dire depuis des ann・s qu'il y a un choix ?faire entre la croissance ・onomique et la d・ocratie, qu'il faut renoncer ?ce que l'on appelle le luxe de la d・ocratie si l'on veut de bonnes politiques ・onomiques, mais je crois que nous constatons dans des pays comme la Cor・ que seuls des dirigeants d・ocratiques peuvent rallier la l・itimit?n・essaire pour prendre des d・isions difficiles dans une crise telle que celle-ci.

M. Geremek - Mesdames et messieurs, si je suis ici, c'est pour une raison et une seule : j'・ais l'un de ces r・eurs qui pensaient, comme Paul Wolfowitz, que la libert?et la d・ocratie sont des valeurs universelles et qu'elles allaient s'・ablir dans nos pays. Mais nous ne pouvions imaginer que cela se produirait de notre vivant.

Je suis ici pour vous parler d'une initiative tr・ importante : la Conf・ence en vue d'une communaut?des d・ocraties. Je tiens tout d'abord ?vous dire notre satisfaction que cette conf・ence ait lieu en Pologne. Notre satisfaction et notre fiert? Proposer la Pologne pour accueillir une telle conf・ence sur la d・ocratie, cela signifie que la d・ocratie, la notion de d・ocratie, change. Et la question se pose de savoir de quelle fa・n elle change.

Avant d'en parler, je voudrais poser quelques questions sur la d・ocratie et dire aussi que, dans ces pays d'Europe centrale et orientale, apr・ l'・e communiste, nous avons utilis?et abus?du mot " d・ocratie ". Le moyen le plus simple de conserver le terme d・ocratie dans le langage officiel consistait ?adjoindre un adjectif au nom. Dire " ancienne d・ocratie " ・ait une mauvaise expression. Dire " d・ocratie sociale " en ・ait une excellente. Telle ・ait la grammaire tr・ particuli・e de la politique, caract・is・ par le fait que les adjectifs tuaient le nom.

Par ailleurs, il ne faut pas toujours percevoir la d・ocratie comme un succ・ ・ident. La d・ocratie ne peut pas se r・uire aux techniques ・ectorales et ?la simple r・le du gouvernement par la majorit? On peut dire que la d・ocratie est un processus dans lequel chaque g・・ation doit red・inir ses propres normes. Nous le voyons dans l'expansion de l'ordre du jour des droits de l'homme. Parfois, la promotion d'autres objectifs, lib・aux dirai-je, peut ・re mise en danger. Il s'agit des relations entre le d・eloppement ・onomique et la d・ocratie politique. Il s'agit aussi des relations entre la d・ocratie politique et les droits de l'homme.

Le politologue Isaiah Berlin a dit que les d・ocraties politiques pouvaient cacher des majorit・ meurtri・es de toutes sortes et notamment les plus dangereuses d'entre elles : les majorit・ ethniques. Notre exp・ience de la fin du XXe si・le nous le confirme. La question est la suivante : comment peut-on forger un consensus en faveur de la d・ocratie dans une soci・? dans une nation et dans le monde entier ?

On pourrait envisager de proposer une sorte de trinit?sainte r・nissant la d・ocratie politique, les droits de l'homme et la bonne gestion des affaires de l'・at, en tant que programme efficace de stabilit?politique et en tant que le・n pour les jeunes d・ocraties. Dans les ann・s 1970, cette philosophie ・ait compr・ensible, mais dans les ann・s 1980, on a le sentiment que cette norme a ・?remise en question.

On trouve, dans la D・laration universelle des droits de l'homme et dans la Charte des Nations Unies des r・・ences aux droits d・ocratiques. Mais dans le contexte de la guerre froide, il n'・ait pas possible d'inclure la d・ocratie politique aux normes des droits de l'homme. On a pu voir, en suivant les discussions de la Conf・ence d'Helsinki, combien il ・ait difficile d'appliquer les normes des droits de l'homme ?diff・entes r・lit・ politiques sans mentionner la libert?politique et la d・ocratie.

Nous savons que les r・imes d・ocratiques qui respectent les droits de leurs ressortissants connaissent une paix plus grande, et nous devrions ・alement promouvoir, en politique internationale, le respect de la d・ocratie. Nous devrions aussi nous int・esser ?la g・・alisation de la d・ocratie, qui est le fondement de la paix et de la stabilit?

En 1999, j'・ais pr・ident de l'Organisation pour la s・urit?et la coop・ation en Europe (OSCE). ?ce titre, je me suis rendu dans plusieurs pays d'Asie centrale. Dans l'un deux, j'ai rencontr?un dirigeant d'un mouvement int・riste, homme jeune, qui m'a dit qu'il ・ait tr・ heureux de ma visite et tr・ heureux de m'・outer, parce que j'attachais une telle importance ?la d・ocratie et aux droits de l'homme.

Et il a d・lar?nbsp;: " C'est mon r・e. Je veux ・ablir la d・ocratie dans mon pays. Je veux que les droits de l'homme soient une r・lit? car il faut que vous sachiez que, dans mon pays, la majorit?des gens croient en Dieu ; ils pensent comme moi. Nous sommes donc en majorit? Et quand nous prendrons le pouvoir, nous instaurerons le bon ordre et la v・it? Il n'y aura pas de place pour les autres. "

Pour lui, la d・ocratie, c'est cela et rien d'autre que ce qu'il souhaite personnellement. Et les droits de l'homme ? " Le principal droit de l'homme est de croire en Dieu et d'avoir la possibilit?de le faire. Je vous remercie donc de votre visite", m'a-t-il dit.

J'ai racont?cette histoire la semaine derni・e au pr・ident Abdelaziz Bouteflika d'Alg・ie, qui m'a racont?une autre anecdote du m・e genre. Il parlait ?l'un des dirigeants du mouvement int・riste en Alg・ie, auquel il a demand?s'il accepterait une alternative politique.

" Admettant que vous ayez le pouvoir, mais apr・ vous, comment envisagez-vous la formation d'un autre gouvernement ? a-t-il demand??l'int・riste, qui lui a r・ondu : " Il n'y aura pas d'autre gouvernement que le n・re ; nous d・enons la v・it? Vous appliquez des lois invent・s par les hommes. Nous appliquons les lois de Dieu. Nous n'aurons donc jamais ?en changer et nous n'aurons jamais besoin de former un autre gouvernement que le n・re. "

Dans la probl・atique de la d・ocratie, il y a aussi la question du monopole de la v・it? Il est impossible d'envisager l'・aboration des institutions politiques, l'instauration des droits de l'homme et la primaut?du droit dans un syst・e qui ne reconna・ qu'une v・it? o?il y a un monopole sur la v・it? Un tel syst・e ne laisse pas de place ?la d・ocratie.

En examinant l'・olution de la d・ocratie, nous devons aussi consid・er la question de l'・osion de la confiance envers la politique et les politiciens. Cette situation peut pr・enter des dangers pour la d・ocratie, de la sorte la plus violente et la plus troublante. Lorsque l'on songe aux origines de la r・olution bolchevique et ?ses suites, on peut dire que l'・osion de la culture politique traditionnelle ・ait au c・ur m・e de son succ・.

Quant ?Hitler, on sait qu'il avait ・?port?au pouvoir par des ・ections d・ocratiques, alors que la confiance entre dirigeants et dirig・ s'・ait ・anouie. Compte tenu de ces faits, nous devons consid・er les progr・ de la d・ocratie dans le monde non seulement comme une r・ssite mais ・alement comme un d・i, celui de la pr・ervation de l'h・itage de la d・ocratie et de la parade aux dangers qui nous menacent.

Finalement, si je crois que la Conf・ence de la communaut?des d・ocraties de Varsovie peut ・re un lieu de discussion important, c'est parce que dans mon approche, la question de la d・ocratie est li・, ?la fin du XXe si・le, ?la notion de soci・?civile. Il serait impossible aujourd'hui de concevoir l'architecture m・e de la d・ocratie, le respect des droits de l'homme, les droits des citoyens et des minorit・, sans cette fondation cr・trice de la soci・?civile.

Telle a ・?notre exp・ience, notre exp・ience de la dissidence en Union sovi・ique, ainsi qu'en Pologne, en Hongrie, en R・ublique tch・ue, dans toute la r・ion de l'Europe centrale. Notre exp・ience nous a montr?que nous pouvions b・ir une soci・?civile face ?l'・ifice d'un r・ime totalitaire. ?l'・oque, il ・ait plus facile de b・ir une soci・?civile et ses institutions dans le contexte des " universit・ volantes ". Aujourd'hui, dans les conditions plus propices d'une soci・?d・ocratique normale orient・ vers l'・onomie de march? la Pologne, dont le processus de transformation se poursuit, continue de faire face au d・i de l'・aboration d'une soci・?civile forte.

Mais notre le・n peut aussi ・re consid・・ comme instructive dans le contexte de l'ordre international. Si une soci・?civile saine est une condition si n・essaire de la vie normale d'une soci・?d・ocratique, pourquoi la limiter aux fronti・es nationales ? La question devrait aussi int・esser la communaut?internationale et celle-ci devrait b・ir un certain nombre d'institutions de la soci・?civile.

Nous avons d・id?d'associer six pays ?la pr・aration de cette conf・ence : les ・ats-Unis ; la Pologne et la R・ublique tch・ue, pour l'Europe ; le Mali, pour l'Afrique ; la plus grande d・ocratie au monde, l'Inde ; la R・ublique de Cor・, pour l'Asie de l'Est ; et le Chili, pour l'Am・ique latine.

Nous avons r・lis?qu'il serait bon aussi d'associer les gouvernements ?ce processus de d・inition et de red・inition de la d・ocratie au niveau r・ional. Nous esp・ons que la r・nion des d・・ations gouvernementales dirig・s par les ministres des affaires ・rang・es constituera une extraordinaire mise au d・i des politiciens. Nous autres, politiciens, nous pensons fr・uemment ?diverses choses, mais tr・ souvent, on nous pose des questions, de bonnes questions, et nous nous effor・ns alors d'examiner certains probl・es fondamentaux.

Si nous affirmons que la d・ocratie est un processus, qu'elle doit ・re d・inie et red・inie, nous devons nous demander comment le faire.

Il serait facile de r・ondre que la responsabilit?en incombe au premier chef aux pays eux-m・es et qu'ils doivent appliquer les normes de la d・ocratie. Mais quelles sont les normes de la d・ocratie ?

Nous croyons qu'il est bon de poser cette question, qui est une question fondamentale, et de chercher des r・onses possibles dans les relations entre l'・onomie, l'・at et les ・re humains. Je crois que nous pouvons convenir d'un point de d・art de notre r・lexion, ?savoir le r・e de la dignit?des ・res humains.

Mais comment la notion de la dignit?des ・res humains peut-elle s'expliquer en termes de politique et, en politique, en termes pratiques ?

Nous savons que lorsque des d・・ations gouvernementales participent aux travaux, elles se heurtent ?certaines limites et que leurs d・ats intellectuels ne sont pas enti・ement libres. Les politiciens ne sont pas faits pour les d・ats intellectuels. Mais nous pensons pouvoir b・・icier de l'appui d'une r・nion tr・ importante, le World Forum on Democracy, qu'organiseront des Organisations non gouvernementales (ONG). Deux grandes institutions seront charg・s de ce forum mondial des ONG : la Freedom House et la fondation polonaise George Soros qui s'appelle la Fondation Stefan Batory.

Nous esp・ons que ces deux r・nions, celle de responsables de gouvernement et celle des organisations non gouvernementales, pourront se compl・er et se stimuler mutuellement. Nous esp・ons que nous essaierons, ou plut・ que nous exploiterons effectivement les possibilit・ de discussions concr・es entre ces deux groupes, et que la Conf・ence en vue d'une communaut?des d・ocraties de Varsovie marquera le d・ut d'une r・lexion et d'une activit?auxquelles les ・ats, les gouvernements, et les soci・・ civiles participeront ensemble.

M. Halperin - Je suis, moi aussi, un intellectuel devenu repr・entant officiel ; je tairai donc mes doutes et pr・enterai tr・ succinctement quelques remarques sur la d・ocratie.

Les ・ats-Unis se f・icitent de s'associer aux six autres pays organisateurs de cette Conf・ence vers une communaut?des d・ocraties, qui aura lieu ?Varsovie, et de participer ?son organisation. Je pense qu'il a ・?important et instructif pour nous de rassembler des pays d・ocratiques de plusieurs parties du monde, parvenus ?des stades diff・ents de d・eloppement, et de discuter des questions ?analyser et de la fa・n de les organiser. Je suis ravi que les pays qui ・uvrent ?ce projet soient repr・ent・ ici, notamment par quatre des ambassadeurs des pays organisateurs, et j'y vois le reflet d'une coop・ation croissante en vue de la mise sur pied de cette conf・ence.

Je voudrais m'arr・er bri・ement sur une question importante qui devrait ・re soulev・ lors de la conf・ence. Je veux parler de la question du droit et, diront certains, de l'obligation qu'ont les d・ocraties de s'" immiscer " dans les affaires int・ieures des autres pays lorsque se pr・entent des menaces ?la d・ocratie ou des possibilit・ de la faire avancer.

Nous savons tous que la d・ocratie n'est pas un aboutissement, mais un processus, ou un chemin que l'on emprunte, plut・ qu'une destination, et que toutes les d・ocraties passent par diff・entes phases difficiles de transition. Mais, parfois, les d・ocraties sont parvenues ?des points critiques de cette transition, certains positifs et certains porteurs de menaces. Nous sommes aujourd'hui pr・ent・ ?un certain nombre de situations o?existent des menaces et o?s'offrent des possibilit・ de faire d'・ormes progr・ sur la voie de la d・ocratie. L'Indon・ie en est un exemple ・ident. Le Nigeria en est un autre. Et ce sont deux pays sur lesquels nous nous sommes attach・ ?concentrer notre ・ergie et notre attention, parce que nous croyons que le succ・ de la transition engag・ dans ces deux pays aura des cons・uences immenses non seulement pour leurs populations, qui repr・entent une part significative de la population du globe, mais aussi pour les r・ions dans lesquels ils s'ins・ent et pour la communaut?mondiale dans son ensemble.

C'est ainsi, par exemple, que les changements survenus en Indon・ie font qu'aujourd'hui, la majorit?des musulmans du monde vivent dans des pays ?r・ime d・ocratique, de m・e, si je ne me trompe, que les adeptes des autres grandes religions. Mais le succ・ de l'Indon・ie et du Nigeria est, croyons-nous, d'une importance tout aussi critique pour le progr・ du processus d・ocratique dans le monde entier.

Nous avons malheureusement eu, au cours de ces derniers mois, quelques exemples de menaces ?la d・ocratie. Ces exemples nous ont rappel?des le・ns du pass? ?savoir que le succ・ des transitions vers la d・ocratie n'est aucunement garanti. Au Pakistan, en C・e- d'Ivoire et en Equateur, par exemple, nous avons assist??des mouvements dirig・ contre des gouvernements d・ocratiquement ・us et constat?les difficult・ ・rouv・s par la communaut?internationale pour parer ?ces menaces, soit en les repoussant, soit en remettant ces pays sur la voie de la d・ocratie dans les plus brefs d・ais possibles. L'un des points qui, nous l'esp・ons, fera l'objet de discussions ?Varsovie, sera la question de savoir comment les diff・ents pays peuvent am・iorer la coordination de leurs actions dans de telles situations.

Nous assistons actuellement ?une menace tr・ diff・ente ?l'encontre de la d・ocratie en Autriche, ?savoir l'arriv・ au pouvoir d'un gouvernement dont certains membres ne semblent pas attach・ au processus d・ocratique, et qui ・ousent des valeurs que nous consid・ons comme une menace envers la d・ocratie. Et, ici encore, les pays d・ocratiques, tant en Europe que dans le monde entier, se voient plac・ dans l'obligation de trouver une mani・e d'aborder cette situation selon une d・arche qui appuie ceux qui, dans le contexte des diverses soci・・ concern・s, ・uvrent ?promouvoir et ?faire progresser le processus d・ocratique.

Nous devons tous comprendre, je crois, que les gens doivent se b・ir leur propre d・ocratie. Nous avons, dans le cas de la Pologne, un exemple h・o・ue de la lutte d'un peuple. C'est pourquoi nous pensons que la Pologne s'est acquis le droit d'accueillir cette conf・ence et nous sommes ravis qu'elle soit dispos・ ?le faire. Il y a d'autres pays, nous l'esp・ons, qui seront ?leur tour les h・es d'une telle conf・ence, des pays qui, comme la Pologne, peuvent se pr・aloir d'avoir engag?cette lutte pour la d・ocratie.

La d・ocratie doit se b・ir dans le cadre de chaque pays. Mais nous comprenons de plus en plus clairement, je crois, que la communaut?des d・ocraties a l'obligation et le droit d'aider, d'intervenir si vous voulez, lorsque se pr・entent des possibilit・ de faire progresser le processus d・ocratique et des menaces ?ce processus auxquelles il faut parer.

M. Gershman - Le ministre des affaires ・rang・es de Pologne, M. Geremek est l'un des partisans les plus sinc・es et les plus d・ou・ de la d・ocratie au monde. C'est sans conteste la personne voulue pour mener ?bien cette importante initiative et la Pologne est ・alement le pays tout d・ign?pour accueillir la r・nion.

La Pologne a jou?et continue de jouer un r・e critique dans la lutte mondiale en faveur de la d・ocratie. Elle a non seulement ・?le leader de la r・olution de 1989, mais elle a aussi remarquablement g・?sa transition vers la d・ocratie, au-del?de toute attente. La Pologne continue de reconna・re sa responsabilit?envers les autres nations qui connaissent des transitions difficiles ou qui sont encore r・ies par un pouvoir dictatorial. Elle est pass・ d'une forme de solidarit??une autre et elle appuie actuellement les mouvements d・ocratiques en en Bi・orussie, en Ukraine, dans les Balkans, en Crim・, dans le Caucase et jusqu'en Asie centrale.

Je dois dire ・alement combien je suis ravi, connaissant l'・olution de cette initiative en vue de la cr・tion d'une communaut?des d・ocraties, que l'on ait chang?le titre de la conf・ence, qui est maintenant " Conf・ence en vue d'une communaut?des d・ocraties ", car je consid・e qu'il est extr・ement important que la r・lisation d'une communaut?des d・ocraties soit une aspiration et qu'elle ne soit pas pr・ent・ comme une r・lit?・ablie.

Nombre de pays se sont engag・ sur la voie de la d・ocratie, comme il a ・?not? mais ne sont pas encore parvenus au but. ?la Fondation nationale pour la d・ocratie (National Endowment for Democracy - NED) et au sein du Mouvement mondial pour la d・ocratie (World Movement for Democracy), qui est une association d'organisations non gouvernementales, nous envisageons avec une grande satisfaction la perspective de nous associer aux travaux du Forum mondial, parce que nous pensons que les organisations non gouvernementales ne sont pas les seules qui ont un r・e ?y jouer, mais que le r・e des gouvernements est aussi d'une importance critique.

La d・ocratie est plus forte aujourd'hui qu'elle ne l'・ait hier, mais son avenir n'est pas assur? Nous venons de vivre la fin, remplie de grands espoirs, d'un si・le terrible et de nombreux dangers et de rudes d・is se profilent ?l'horizon. Je me contenterai ici de signaler six de ces d・is que le mouvement d・ocratique devra relever dans le monde.

Le premier, le ministre des affaires ・rang・e de la Pologne l'a mentionn? est celui des ・ith・es de la d・ocratie. Nous devons encore adjoindre des ・ith・es au mot d・ocratie, parce que de nombreux pays ne sont pas encore des d・ocraties lib・ales. Ils ont parfois ・?qualifi・ p・orativement de " d・ocraties non lib・ales " ou analytiquement de " d・ocraties ・ectorales ". Mais nous savons qu'il faut encore tout un processus pour assurer la mise en place d'une d・ocratie lib・ale, qui exige l'・ablissement d'un syst・e stable de partis politiques, l'・aboration d'un pouvoir judiciaire ind・endant, une presse ind・endante, le contr・e civil des forces arm・s, la responsabilisation du gouvernement, la d・entralisation et la cr・tion d'une ・onomie transparente, et des mesures pour faire face au probl・e r・ractaire de la corruption dans ces soci・・.

Mort Halperin a mentionn?le probl・e des ・olutions r・ressives, qui est le deuxi・e grand d・i qui se pr・ente ?nous non seulement dans des pays tels que le Pakistan, avec son r・ent coup d'・at, mais aussi dans d'autres, comme le Venezuela qui semble exploiter une forme de populisme n・-autoritaire orient?contre les d・ocraties ・ectorales qui n'ont pas r・olu les probl・es fondamentaux auxquels se heurte la soci・?

Le troisi・e d・i pour la d・ocratie est constitu?par le potentiel qu'ont les ・・ents politiques actuels d'exploiter les tensions de l'・onomie mondiale. C'est l?un d・i de taille, car il s'agit de concilier les concessions ?consentir entre le libre ・hange et une ・onomie mondiale dynamique d'une part, et la protection des droits des travailleurs et l'att・uation de la tendance ?l'amplification des in・alit・ ・onomiques d'autre part.

Nous devons imp・ativement rester attach・, et c'est notre quatri・e d・i, ?la tenue d'・ections libres et r・uli・es et nous garder de la tendance ?rejeter les normes minimales dans ce domaine.

Les ・ections ont ・?un instrument puissant de la transition vers la d・ocratie, non seulement au Nigeria et en Indon・ie, mais aussi tout r・emment en Croatie et en Slovaquie et, nous l'esp・ons, en Serbie. Et les d・ocraties ont trouv?un moyen de les appuyer. La NED et nos amis europ・ns soutiennent activement les mouvements d・ocratiques dans ces pays.

Nous devons ・alement exiger que les ・ections se d・oulent dans des conditions d'・alit?entre les candidats et accorder notre appui au boycottage de celles qui ne r・ondent pas ?cette condition. Il est ・alement important, je crois, d'isoler les r・imes qui annulent les ・ections d・ocratiques dont les r・ultats ne leur plaisent pas. Au mois de mai, nous arriverons au dixi・e anniversaire de l'・ection en Birmanie qui a vu la victoire ・rasante d'Aung San Suu Kyi, laquelle est aujourd'hui assign・ ?r・idence dans ce pays. Je crois que nous devrions saisir cette occasion d'exprimer notre solidarit?avec le peuple birman plut・ que de consid・er que force nous est de traiter avec l'actuel gouvernement, qui est ill・itime.

Un cinqui・e d・i qui se pr・ente ?nous est celui de venir en aide aux d・ocrates dans les pays ?r・ime autocratique. D・i immense que celui-l?et je ne sais pas dans quelle mesure cette nouvelle association de gouvernements pourra s'attacher ?le relever. Il serait peut-・re plus appropri?que les organisations non gouvernementales interviennent ici, mais les gouvernements ont aussi leur r・e. Car la Birmanie n'est pas la seule ; la Chine, le Bi・orussie, Cuba, l'Iran et de nombreux autres pays sont ・alement dirig・ par des r・imes dictatoriaux.

Nous avons assist?aux ・ats-Unis a un toll?de protestations et ?une vive controverse sur le cas d'un gar・nnet de six ans qui sera peut-・re renvoy??Cuba et ?sa dictature, mais pas un mot n'est paru dans la presse sur sept personnes, dont un enfant de treize ans, qui se sont ・happ・ de la Cor・ du Nord, sont pass・ en Chine puis en Russie, et qui ont ・?renvoy・ par la Russie ?la Chine et par la Chine ?la Cor・ du Nord, o?ils seront sans doute, la chose est tr・ possible, envoy・ dans un camp de concentration ou ?la mort.

Nous devons soulever la question des gens qui vivent dans ces lieux dont l'avenir est sombre, tels que la Cor・ du Nord. Ils ont, eux aussi, leur place dans le mouvement d・ocratique mondial.

Nous devons aussi relever le d・i de la recherche de solutions adapt・s aux divers conflits ethniques, nationaux et religieux. Il s'agit, bien s・, de la question des droits des minorit・ que M. Geremek a soulev・.

Il y a aussi un probl・e qui d・oule de la question toujours non r・olue des peuples qui ont ・?int・r・ ?d'anciens empires, lesquels se sont aujourd'hui effondr・ ou sont devenus anachroniques et violent les normes internationales actuelles. Que faisons-nous lorsque les ・ats d・enteurs du pouvoir recourent ?une violence sans limite pour r・rimer ces minorit・ et peut-・re pour tenter de d・ruire leur culture, voire leur existence m・e ?

Nous vivons encore dans un monde dangereux et violent et nous devons faire preuve, comme toujours, de conviction d・ocratique et de solidarit?internationale. Je fonde de grands espoirs dans la r・nion de Varsovie, dont j'attends qu'elle renforce notre d・ermination commune de prendre des mesures efficaces pour d・endre la d・ocratie et les droits de l'homme et pour relever les rudes d・is d'un nouveau si・le.

M. Wolfowitz - Nous allons maintenant passer aux questions et aux d・ats. M. George Soros (philanthrope et fondateur de la Fondation Soros) est parmi nous, donc, George, ?vous de poser la premi・e question.

M. Soros - Eh bien, j'aimerais apporter mon ferme soutien ?cette initiative. Elle soul・e des questions auxquelles je suis personnellement tr・ attach? J'aimerais que la conf・ence soit v・itablement productive, car elle traite de questions qui sont, je pense, d'une importance absolument cruciale pour le monde. Donc je commencerai, avec votre permission, par quelques remarques sur le contenu intellectuel de l'expos?de M. Geremek.

Je voudrais parler du concept de la " soci・?ouverte ", que vous avez, en quelque sorte, circonscrit. Vous l'avez abord?sous diff・ents angles, mais sans employer le terme de " soci・?ouverte ", et je crois que si la conf・ence se concentrait sur cette expression et sur ce concept, elle pourrait d・?apporter une contribution, parce que vous avez parl?de la d・ocratie, mais vous avez signal?que si les gens se croient d・enteurs de la v・it?supr・e, la d・ocratie, dans ces conditions, n'est pas exactement ce que nous voulons qu'elle soit. La " soci・?ouverte " est fond・ sur la prise en compte de notre faillibilit?et elle a donc un sens plus large que le terme de " d・ocratie ".

Vous avez aussi parl?du r・e de la soci・?civile. On confond toujours tr・ facilement le concept de soci・?civile et celui de soci・?ouverte. Les deux expressions sont employ・s de mani・e interchangeable, et c'est une erreur, parce que la soci・?civile est une composante importante de la soci・?ouverte, mais elle ne suffit pas ; il faut autre chose. En fait, la pr・ence d'un gouvernement attentif aux exigences et aux besoins du peuple, d'un gouvernement d・ocratique, est aussi importante que celle d'une soci・?civile dynamique.

Dans un r・ime totalitaire, la soci・?civile est la protectrice de la soci・?ouverte, contre le gouvernement. Mais dans une soci・?ouverte, la soci・?civile doit ・re ・roitement li・ au gouvernement et le gouvernement doit ・re dispos??r・ondre aux besoins de la soci・?

Et cela m'am・e au point crucial, qui est l'intervention dans les affaires int・ieures de nations souveraines au nom de la d・ocratie ou de la soci・?ouverte. Et je crois que cela devrait ・re la question principale que la conf・ence devrait examiner.

Je pense, par exemple, que l'intervention au Kosovo soul・e des questions tr・ troublantes. Nous devons souligner l'importance d'une intervention positive, et non pas punitive, dans les affaires int・ieures des autres pays.

Nous devons donc ・ablir l'id・ qu'il est de l'int・・ des soci・・ ouvertes de promouvoir la cr・tion de soci・・ ouvertes ou le renforcement des soci・・ ouvertes dans le monde entier. C'est un concept qui est totalement absent depuis l'effondrement du syst・e sovi・ique.

Mort a mentionn? je crois, l'importance que rev・ le succ・ de la d・ocratie en Indon・ie et au Nigeria et c'est un sujet de pr・ccupation que je partage enti・ement avec lui. Il faut qu'il y ait une ・olution positive de la situation et nous devons nous montrer extr・ement prudents, sans pouvoir l'exclure, devant la possibilit?d'une intervention punitive. Une telle intervention ne doit jamais se produire avant que de v・itables efforts aient ・?d・loy・ dans le sens positif, et seulement apr・ avoir justifi?cette intervention sur le plan moral.

M. Geremek - Pour moi, la soci・?ouverte est un concept qui englobe l'・onomie de march? la d・ocratie, plus la soci・?civile. Et c'est une notion-cl? absolument essentielle.

M. Novak - De mon point de vue, rien n'a contribu?autant ?la g・・alisation de la d・ocratie que l'admission de certains pays au sein de l'OTAN et que la perspective de voir d'autres pays devenir membres de l'OTAN et de l'Union europ・nne.

J'estime que l'ins・urit?favorise la survenue de conflits ethniques et la discrimination ?l'・ard des minorit・, alors qu'un sentiment de s・urit?est favorable ?la paix et ?la r・onciliation entre les nations.

En tant qu'Am・icain d'origine polonaise, je suis tr・ fier que la Pologne ne se contente pas d'assurer sa propre s・urit? mais qu'elle soit aussi un champion de la poursuite de l'・argissement de l'OTAN, notamment ?ses voisins et, bien s・, de l'・argissement de l'Union europ・nne. Et je me demande si ce ne sont pas ces questions qui devraient, en fait, retenir au premier chef l'attention de la conf・ence. (M. Jan Novak est ancien vice-pr・ident du Congr・ polonais-am・icain)

M. Geremek - Je puis dire que je suis de l'avis de Jan Novak. Nous esp・ons qu'apr・ la Hongrie, la R・ublique tch・ue et la Pologne, le concept des portes ouvertes de l'OTAN sera appliqu?d・ que possible. Et je puis dire que la Pologne fera tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir un nouvel ・argissement de l'OTAN.

?mon avis, c'est le devoir du peuple. Nous sommes reconnaissants aux ・ats-Unis non seulement parce que nous sommes devenus membres de l'Alliance, mais aussi parce que nous avons b・・ici?d'un minimum de solidarit?et avons eu le sentiment de ne pas ・re seuls. Nous croyons aux m・es valeurs et nous avons fait l'exp・ience d'une longue histoire o?la Pologne a ・? ?plusieurs reprises, abandonn・ et d・aiss・. Mais nous devrions appliquer les m・es crit・es aux autres pays de la r・ion. Toutefois, je ne pense pas que la conf・ence de Varsovie sur la d・ocratie puisse retenir pour sujet principal de ses travaux l'・argissement de l'OTAN.

M. Halperin - Si je suis de l'avis que la question particuli・e de l'・argissement de l'OTAN n'est pas ?inscrire ?l'ordre du jour de Varsovie, je crois qu'il y aura ?l'ordre du jour le ph・om・e plus g・・al selon lequel les pays per・ivent de plus en plus l'importance d'appartenir ?des organisations r・ionales, fonctionnelles et mondiales. Et de plus en plus, ces organisations sont dispos・s ?dire que l'on ne peut pas en devenir membre ou le rester si l'on viole les normes d・ocratiques.

Nous le constatons le plus clairement en Europe et en Am・ique latine, mais nous sommes tous encourag・ par le fait que l'Organisation de l'unit?africaine (OUA) a maintenant d・lar?que les r・imes militaires qui ont remplac?un r・ime d・ocratique ne seront pas les bienvenus ?sa prochaine r・nion.

Je pense que ce dont nous voulons parler ?Varsovie, c'est de la fa・n dont une communaut?mondiale des d・ocraties peut renforcer les efforts mis en ・uvre par les organisations r・ionales et fonctionnelles afin d'imposer ?leurs membres des crit・es d・ocratiques comme condition d'adh・ion et comment faire valoir ces crit・es afin d'encourager les pays ?・oluer vers la d・ocratie et ?les dissuader de s'en ・oigner.

M. Jessup - Carl Gershman a propos?que le d・i que repr・entent l'・onomie mondiale et la r・ction de la d・ocratie ?son ・ard soit abord?lors de la conf・ence de Varsovie. Je crois que le sujet est particuli・ement d'actualit? comme l'ont d・ontr?les ・・ements associ・ ?la r・nion de l'Organisation du commerce mondial (OMC) ?Seattle et, dans une certaine mesure aussi, le r・ent forum de Davos. Il semble qu'il y ait sur la question une division Nord/Sud plut・ qu'une division d・ocratie/autocratie. Si bien que l'on voit des pays tels que l'Inde se ranger aux c・・ de Cuba sur toute une s・ie de questions allant des relations entre le commerce et les droits des travailleurs et l'environnement, ?l'ouverture du processus de l'OMC pour accueillir des apports accrus du public, ?la remise ?une date ult・ieure de l'application des conventions relatives aux droits de propri・?intellectuelle, au traitement pr・・entiel en mati・e de commerce, et ?une foule d'autres questions. Et ce malgr?le fait que, selon certaines recherches r・entes que nous avons faites, les pays d・ocratiques du monde en d・eloppement semblent perdre des parts de march?devant les pays plus autocratiques, en termes de volume d'・hanges commerciaux et d'investissements. La question que je vous pose est donc celle-ci : la conf・ence apportera-t-elle une occasion de d・inir une nouvelle approche de l'・onomie mondiale qui serait caract・istique des pays d・ocratiques ? (M. David Jessup a travaill?pour l'AFL-CIO, et travaille maintenant pour le Service d'information ?propos l'・onomie nouvelle (New Economy Information Service.)

M. Geremek - Je crois que c'est l?une question tr・ importante. Nous devrions discuter des fa・ns dont la d・ocratie peut ・re efficace dans le domaine ・onomique. Si la d・ocratie n'est pas efficace dans sa promotion de la mondialisation de l'・onomie, si elle ne participe pas au processus de la mondialisation, elle se met en danger et ce sont les r・imes totalitaires qui l'emporteront.

Je puis dire d'apr・ l'exp・ience polonaise que tr・ souvent, nous nous sommes demand?qui, des Polonais ou des Chinois, avait raison. Les Polonais pensent que ce qui est important, c'est d'abord et avant tout la libert? et que l'on ne peut pas avoir de libert?・onomique sans libert?politique.

La position chinoise ・ait, et elle l'est toujours, qu'il est tr・ possible d'introduire la libert?・onomique pour obtenir une ・onomie tr・ dynamique qui produise de bons r・ultats, sans libert?politique. Je crois donc que c'est l'une des questions qui devrait ・re examin・ ?la conf・ence de Varsovie.

M. Hong-Koo Lee - Avant tout, je tiens ?f・iciter le ministre des affaires ・rang・es et le gouvernement polonais d'・re les h・es de cette importante conf・ence, et ?dire que nous sommes heureux d'y participer.

Comme vous l'avez not? au XXe si・le la d・ocratie avait de nombreux objectifs. Mais l'opinion la plus largement partag・ dans notre partie du monde, c'・ait que le terme de d・ocratie se rapportait aux d・ocraties occidentales. Donc, ce qui change ?pr・ent en ce d・ut XXIe si・le, c'est que la d・ocratie devient un ph・om・e mondial et plus simplement occidental. Par la m・e occasion, je crois que tout le monde doit effectuer certains ajustements, sur le plan intellectuel comme sur le plan institutionnel. Et je pense que cette conf・ence peut constituer une plate-forme de lancement d'un tr・ s・ieux effort de d・inition de ce que doit ・re la v・itable fondation de la d・ocratie mondiale.

Et ?ce propos, je pense que ce qu'a dit M. Soros a propos de soci・?ouverte est tr・ important, parce qu'en un sens, nous nous effor・ns tous de cr・r une ・onomie mondiale ouverte, une culture mondiale ouverte, etc. La question de savoir comment cela se transposera sur le plan de chaque d・ocratie est une question tr・ importante dont nous pourrons peut-・re parler ?Varsovie. (M. Hong-Koo Lee est ambassadeur de la Cor・ du Sud aux ・ats-Unis.)

Mme Yvonne Thayer - Je voudrais tout simplement mentionner un d・eloppement distinct mais li? qui devrait int・esser le groupe ici pr・ent. Au printemps dernier, une r・olution historique sur la "  Promotion du droit ?la d・ocratie " a ・?adopt・ par la Commission des droits de l'homme des Nations unies ?Gen・e.

Les pays avaient fait des d・larations ・onnantes, g・・ales et uniformes, pour la d・ense de la d・ocratie ; ils ont repouss?certains amendements tr・ hostiles propos・ par Cuba, et le scrutin final a ・?51 voix pour, aucune voix contre et seulement deux abstentions, de la Chine et de Cuba, ce qui est extr・ement r・・ateur.

Nous avions promis ?cette ・oque de nous r・nir ult・ieurement et d'inclure cette d・laration de principes en mati・e de d・ocratie au cadre sous-tendant la d・inition des normes par les Nations unies ; c'est une occasion trop belle de voir repr・ent・ ici les pays organisateurs de la conf・ence en vue d'une communaut?des d・ocraties pour ne pas mentionner que nous venons de commencer ?engager des discussions avec eux ?propos d'une r・olution de suivi, de la cr・tion d'un groupe de suivi ?Gen・e et d'une r・nion de suivi pour d・erminer ce que la Commission des droits de l'homme de l'ONU peut faire de nouveau. (Mme Thayer est attach・ au Bureau de la d・ocratie, des droits de l'homme et du travail, au d・artement d'・at.)

M. Karatnycky - Je tiens ?r・t・er mes remerciements ?tous les intervenants, notamment au ministre des affaires ・rang・es, pour cet excellent ・hange de vues.

Je tiens ・alement, en conclusion, ?dire que non seulement les deux r・nions de Varsovie auront lieu ?la veille du vingti・e anniversaire du mouvement " Solidarit?nbsp;", ce qui est en soi une justification de ce type de comm・oration, mais qu'elles auront lieu aussi ?un moment tr・ important de l'histoire de l'humanit?

Comme le savent beaucoup d'entre vous, Freedom House est une organisation qui suit les changements politiques et d・ocratiques, et qui le fait depuis plus d'un quart de si・le par le truchement de son Enqu・e sur la libert?dans le monde (Survey of Freedom in the World). Au cours des vingt derni・es ann・s, nous avons assist??un remarquable ・anouissement de la d・ocratie ・ectorale et ?un accroissement plus lent, mais tout aussi dramatique, de la libert?et des soci・・ ouvertes.

Ces r・ultats sont dus en grande partie aux efforts concert・ et d・ou・ des gouvernements, des philanthropes et des militants, notamment am・icains, qui sont repr・ent・ en nombre dans cette salle. Alors qu'au milieu des ann・s 1980, 69 pays sur 170 avaient un gouvernement d・ocratiquement ・u, soit environ 40 %, le chiffre est pass??60 % au d・ut de l'an 2000, ce qui donne une mesure de cette spectaculaire progression.

Il est ?regretter, cependant, que le nombre de gens qui vivent dans ce que l'on peut appeler des soci・・ ouvertes ou des d・ocraties lib・ales n'a pas connu la m・e augmentation que la d・ocratie ・ectorale. Mais nous esp・ons bien que la conf・ence qui aura lieu ?Varsovie viendra donner un nouvel ・an ?l'・olution d・ocratique dans ces soci・・ aujourd'hui moins libres, et permettra d'・aborer de nouveaux m・anismes au sein desquels les organismes priv・ et publics et les gouvernements pourront ・uvrer de concert en vue de l'expansion de la d・ocratie. (M. Adrian Karatnycky est pr・ident de Freedom House.)

Les vues exprim・s dans cette table ronde n'engagent que leurs auteurs et ne refl・ent pas n・essairement la position officielle du gouvernement des ・ats-Unis.