Le brassage de la population des ・ats-Unis
Rochelle Stanfield
En sa qualit?de chef adjoint de la Division de la population au Bureau du recensement, Jorge DelPinal a, pendant des ann・s, class?la population am・icaine dans des cat・ories raciales et ethniques bien d・inies : ?nbsp;Blanc ? ?nbsp;Noir ? ?nbsp;Latino-Am・icain ? ?nbsp;Asiatique ?ou ?nbsp;Am・indien ? N?d'une m・e anglo-am・icaine et d'un p・e latino-am・icain, il savait pourtant qu'un tel classement n'・ait pas toujours possible.
?nbsp;On me consid・e comme latino-am・icain, bien que je ne le sois qu'?moiti?nbsp;? explique-t-il. Il comprend donc la frustration des couples mixtes qui ont toujours ・?cens・ n'indiquer qu'une race pour leurs enfants quand ils remplissaient les formulaires du recensement et qui se demandaient pourquoi il leur fallait ainsi choisir entre les deux parents, dit ce fonctionnaire du Bureau du recensement. Lors du recensement de l'an 2000, les choses vont changer. Pour la premi・e fois en effet, les formulaires permettront aux gens d'indiquer autant de races qu'il conviendra, selon eux. Ceci devrait permettre au Bureau du recensement d'avoir une meilleure id・ du nombre de mariages mixtes aux ・ats-Unis. En l'absence de cette m・hode directe, un d・ographe chevronn? Barry Edmonston, avait appliqu? il y a quelques ann・s, la technique des mod・es pour calculer la fa・n dont les mariages mixtes changeaient la physionomie des ・ats-Unis. Il menait alors une ・ude sur l'immigration pour le compte du National Research Council de l'American Academy of Sciences. Le r・ultat de ses recherches est r・um?dans un rapport intitul??nbsp;Les nouveaux Am・icains : effets ・onomiques, d・ographiques et financiers de l'immigration ? Mais en tant que Blanc natif du Canada mari??une sociologue am・icaine d'origine chinoise, Sharon Lee, il n'avait pas besoin de recourir ?un ordinateur pour comprendre la transformation qui s'op・ait dans la soci・?am・icaine. Sa famille et lui ・aient des exemples vivants de cette ・olution. Le visage des ・ats-Unis est, litt・alement, en train de se m・amorphoser. ?nbsp;D'ici 30 ou 40 ans, a d・lar?le pr・ident Clinton, aucune race ne dominera aux ・ats-Unis. Et nous ferions bien de nous faire ?cette id・. ?Pour sa part, M. Clinton s'y pr・are en pr・hant la tol・ance raciale et les vertus du multiculturalisme. D'autres d・attent la politique d'immigration. Presque toutes les discussions portent sur la fragmentation inh・ente ?un pays dans lequel les Blancs d'origine essentiellement europ・nne ne vont plus constituer la majorit? Mais dans la coulisse, il se manifeste une autre tendance qui, trait・ prudemment, pourrait rapprocher les gens au lieu de les diviser. Cette contre-r・olution d・ographique est l'augmentation spectaculaire du nombre de mariages mixtes. La d・ographie est une science tr・ intime, fait remarquer Ben Wattenberg, directeur d'・udes ?l'American Enterprise Institute for Public Policy Research (AEI), situ??Washington. Ce qui compte, ce n'est pas ce que d・larent les militants mais ce que font les jeunes hommes et les jeunes femmes : ils se marient et ils ont des enfants. Dans son ・ude, M. Edmonston pr・it que, d'ici 2050, 21 % des Am・icains seront d'ascendance raciale ou ethnique mixte, contre 7 % aujourd'hui. Dans la troisi・e g・・ation d'Am・icains d'origine latino-am・icaine et asiatique, le taux d'exogamie, ou mariage mixte pour le profane, est actuellement de 50 % , estime-t-il comme d'autres d・ographes. Les mariages mixtes restent beaucoup moins fr・uents chez les Afro-Am・icains, mais leur taux a cependant consid・ablement augment? ・ant pass?de 1,5 % dans les ann・s 1960 ?8 ou 10 % actuellement. Une mutation d・ographique aussi profonde pourrait se produire ?l'insu de tous car, officiellement du moins, personne n'y pr・e attention. Les agences f・・ales ont toujours r・ni les donn・s raciales en utilisant la formule ?nbsp;une personne, une race ? suivant la m・hode ?nbsp;un homme, une voix ?nbsp;consacr・ par l'usage dans les ・ections. Si bien qu'en se basant sur ses formulaires, le Bureau du recensement pouvait estimer que 2 % tout au plus de la population am・icaine pouvait se dire multiraciale. En l'absence d'une m・hode plus pr・ise, personne ne pouvait conna・re pr・is・ent la configuration d・ographique du pays. Mais les choses vont changer. Apr・ le recensement de l'an 2000, le gouvernement am・icain devrait avoir une meilleure id・ de la situation. En 1997, le Bureau de la gestion et du budget, qui administre les m・hodes statistiques f・・ales, a approuv?une directive permettant aux gens de cocher autant de cases qu'ils jugeront n・essaires en mati・e de race. Il s'agissait d'un compromis entre les exigences de certains groupes en faveur de l'inclusion d'une case ?nbsp;multiracial ?et celles des gens qui s'opposaient ?tout changement, craignant la dilution de leur propre groupe ethnique. En pr・ision du recensement de l'an 2000, le Bureau du recensement a proc・??un d・ombrement pilote en trois points des ・ats-Unis. ?Sacramento (Californie), 5,4 % des gens ont coch?plus d'une case se rapportant ?la race, soit pr・ de trois fois le pourcentage auquel s'attendaient de nombreux experts. Ce nombre montre ・alement que les mariages mixtes sont en progression : la proportion de gens ayant coch?plus d'une case ・ait de 4,1 % chez les personnes de plus de 18 ans, et de 8,1 % chez les plus jeunes. Par ailleurs, en l'absence de chiffres officiels et compte tenu de la tension croissante qui entoure les questions raciales et de la m・iance r・iproque qui existe entre groupes raciaux et ethniques, les opinions diff・ent quant ?l'influence qu'auront les mariages mixtes sur la soci・?am・icaine de demain. Certains sociologues consid・ent les mariages entre Asiatiques et Blancs ainsi qu'entre Latino-Am・icains et anglophones comme la derni・e composante du creuset dans lequel ont fusionn? depuis le d・ut de ce si・le, tant de familles d'origine irlandaise, italienne, allemande et autres souches europ・nnes. Mais en d・it de l'augmentation des mariages mixtes entre Noirs et Blancs, nombreux sont ceux qui doutent que les Afro-Am・icains figurent dans ce brassage. ?nbsp;Je pense que le clivage le plus tenace aux ・ats-Unis est celui qui existe entre les Noirs et les autres races ? d・lare Roger Wilkins, professeur d'histoire ?l'universit?George Mason (Virginie) et militant chevronn?des droits civiques. ?nbsp;Les Noirs ont toujours ・?la masse inassimilable, affirme-t-il. Ceci dit, il ne fait aucun doute qu'il se passe quelque chose. Il suffit de voir les annonces t・・is・s utilisant de beaux mod・es masculins et f・inins qui ne sont pas vraiment blancs. S'agit-il de m・anges de Noirs et de Blancs, de Blancs et d'Asiatiques, de Latino-Am・icains et de Blancs ? Nul ne saurait le dire. ? D'autres pensent que la chambre ?coucher r・lisera ce que d'autres catalyseurs ne sont pas parvenus ?accomplir. Douglas Besharov, chercheur ?l'AEI, d・larait dans un article paru en 1996 dans The New Democrat que le nombre croissant de sang-m・?parmi les jeunes ?nbsp;repr・ente le meilleur espoir pour l'avenir des relations raciales aux ・ats-Unis ? Ramona Douglas, pr・idente de l'Association of MultiEthnic Americans, affirme avec enthousiasme : ?nbsp;Nous sommes la preuve vivante du fait que des gens appartenant ?deux races ou ?deux ethnies diff・entes peuvent vivre en bonne intelligence, que les familles compos・s de gens de race diff・ente fonctionnent. ?La m・e de Mme Douglas est d'origine italienne et son p・e d'ascendance afro-am・icaine et am・indienne. Il y a ・idemment des gens qui consid・ent les mariages mixtes comme une forme de g・ocide, pr・isant qu'ils entra・eront la disparition de leur groupe ethnique. Cela a longtemps ・?l'opinion de la communaut?juive qui, tout au long de l'histoire, a ・roitement veill??ce que le nombre de ses membres ne diminue pas en raison de leur assimilation. Mais les nombreux mariages entre Juifs et non-Juifs qui ont eu lieu depuis la Seconde Guerre mondiale ont amen?les ・・ents progressistes de la communaut?juive am・icaine ?r・l・hir plus profond・ent ?la question. Ces groupes continuent ?encourager les Juifs ?se marier entre eux mais au lieu de frapper d'ostracisme ceux qui ・ousent des non-Juifs, ils cherchent maintenant ?attirer les couples mixtes. La communaut?juive, du moins en ce qui concerne ses ・・ents lib・aux, est pass・ de l'indignation ?une attitude d'ouverture, explique Egon Meyer, professeur de sociologie au Coll・e universitaire de Brooklyn et ancien codirecteur de la North American Jewish Data Bank ?la City University de New York (CUNY). ?nbsp;On assiste ?une remarquable expansion des avances faites ?ces familles, des efforts faits pour les accueillir, pour accepter leur multiculturalisme, en quelque sorte ? dit-il. Tout en s'empressant de souligner les diff・ences qui existent entre les Juifs et les autres groupes minoritaires, les sociologues reconnaissent que l'・olution de l'attitude des Juifs ?l'・ard des mariages mixtes peut fournir un mod・e ?l'ensemble du pays face au brassage racial et ethnique actuellement en cours aux ・ats-Unis. Le creuset Pour se faire une id・ de la nouvelle physionomie des ・ats-Unis, il suffit de se rendre dans une ・icerie et de voir les produits alimentaires de la marque Betty Crocker. Le portrait de Betty qui figure actuellement sur leur emballage est la huiti・e version du portrait composite cr・ en 1936, ?l'・oque le visage d'une femme au teint clair et aux yeux bleus. Or la nouvelle Betty Crocker a les yeux marron et les cheveux noirs. Son teint est plus basan?que celui des sept versions pr・・entes et ses traits sont un amalgame des caract・istiques des Blancs, Latino-Am・icains, Am・indiens, Africains et Asiatiques. C'est un ordinateur qui a cr蜑 la nouvelle Betty Crocker, en fusionnant les photos de 75 femmes diff・entes. Ce proc・?a ・?relativement rapide, expliquent les porte-parole de General Mills, Inc., qui reconnaissent cependant qu'il leur a fallu un certain temps pour faire figurer la nouvelle image sur toute la gamme des produits Betty Crocker. La lenteur de ce processus pourrait servir de m・aphore au caract・e graduel du brassage racial et ethnique qui s'est produit dans ce pays. En fait, il a fallu beaucoup de temps pour que la soci・?prenne conscience de ce ph・om・e. Le jeune champion de golf Tiger Woods a exemplifi?cette tendance quand il s'est d・lar?Cablinaisien, c'est-?dire un m・ange de Caucasien, de Noir, d'Am・indien et d'Asiatique. Ce n'est pas par id・lisme que les agences de publicit?engagent des mod・es et acteurs noirs, souligne Roger Wilkins. Leur but est de vendre un produit et ils ・udient tr・ soigneusement les tendances du public. Ce qu'ils constatent, c'est l'existence d'un important march?qu'ils cherchent ?atteindre en recourant ?des hommes et femmes au physique agr・ble qui ne sont pas v・itablement blancs ou qui aspirent ?se fondre dans le creuset am・icain. Le fait que des chercheurs s・ieux parlent actuellement de creuset constitue en soi un revirement. Utilis?pour d・rire la diversit?d・ographique des ・ats-Unis, ce terme avait commenc??・re discr・it? en tant que m・aphore, apr・ la Premi・e Guerre mondiale, lorsque les immigrants europ・ns commenc・ent ?former des enclaves ethniques et nationales dans les grandes villes des ・ats-Unis, au lieu de s'assimiler ?la soci・?locale. Il s'av・a que ni le moment ni le lieu ne se pr・aient ?cette m・aphore. C'est apr・ la Seconde Guerre mondiale et dans les banlieues que s'est produit le brassage racial et ethnique. Les citadins ont alors quitt?leur quartier italien, irlandais, polonais ou juif pour se disperser en banlieue. Puis ils ont envoy?leurs enfants dans de vastes universit・ publiques, o?ces derniers se sont m・・ ?des jeunes d'ethnies diff・entes mais issus de familles ayant le m・e mode de vie. ?nbsp;La plupart des gens rencontrent leur futur conjoint soit ?l'universit?soit ?leur lieu de travail ? affirme la sociologue Sharon Lee, professeur ?l'universit?de Richmond (Virginie) et actuellement sp・ialiste invit・ ?l'universit?d'・at de Portland (Or・on). ?nbsp;La possession d'un dipl・e universitaire vous donne de bonne chances d'・oluer dans un milieu fr・uent?par des gens de toutes origines ethniques et cela accro・ vos chances d'・ouser une personne d'une ethnie diff・ente de la v・re ? dit-elle. Mme Lee est un exemple typique de ce ph・om・e car elle a rencontr?son futur mari, Barry Edmonston, directeur du Centre de recherche et de recensement d・ographique de l'universit?de Portland, lorsqu'ils ・aient tous les deux ・udiants. David Tseng, assistant sp・ial ?la Pension and Welfare Benefits Administration du minist・e am・icain du travail, raconte une histoire similaire. Sa m・e est originaire de l'Equateur ; son p・e ・ait le fils d'un diplomate chinois en poste ?Washington. Ce type de mariage ・ait peu courant dans les ann・s 1950. ?nbsp;Mais ce qui a aid? explique-t-il, c'est que nos amis et relations ・aient instruits, intelligents et ?l'aise en compagnie de personnes d'une culture diff・ente de la leur. ? Cette tendance se manifeste couramment, ?l'heure actuelle, entre les Am・icains d'origine asiatique ou latino-am・icaine. ?nbsp;Nous assistons maintenant ?des taux ・ev・ de mariages mixtes entre les Latino-Am・icains et les Asiatiques qui vivent dans des communaut・ relativement int・r・s, en dehors des r・ions o?ils sont concentr・ comme le Sud-Ouest et l'Ouest ? indique-t-il, citant une ・ude qui fait notamment ・at de 80 % d'exogamie en Nouvelle-Angleterre (nord-est des ・ats-Unis) chez les jeunes Asiatiques n・ aux ・ats-Unis. Paradoxalement, l'accroissement de l'immigration et la tendance au multiculturalisme, que tant d'analystes consid・ent comme d'importants facteurs de division, contribuent, au contraire, au brassage des races et des groupes ethniques. ?nbsp;La fragmentation de la soci・?en souches ethniques diff・entes fait que, math・atiquement, les gens ont de moins en moins de chances de rencontrer quelqu'un de la m・e ethnie qu'eux. C'est ce qui s'est produit dans la population juive ? selon M. Wattenberg. La question de savoir si les Noirs se joindront aux autres minorit・ dans ce creuset continue ?faire l'objet de controverse. Les sceptiques soulignent la proportion beaucoup plus faible de mariages entre Noirs et Blancs qu'entre membres d'autres races et pensent que la situation ne changera pas prochainement. Ce ?quoi d'autres r・ondent que la base statistique est tr・ faible du fait que, jusqu'en 1967, de tels mariages ・aient ill・aux dans dix-neuf ・ats. Tendances contraires S'il est vrai que de nombreuses tendances facilitent les mariages mixtes, il en est d'autres qui ont l'effet inverse. C'est notamment le cas en ce qui concerne les Afro-Am・icains. La proportion croissante de Noirs am・icains qui fr・uentent l'universit? acc・ent ?la classe moyenne et quittent les banlieues suit aussi la tendance g・・ale au mariage mixte. Cette tendance est particuli・ement ・idente en Californie et dans des villes comme Dallas (Texas), Las Vegas (Nevada) et Phoenix (Arizona) o?la s・r・ation r・identielle est moins prononc・ que dans les villes plus anciennes du Nord-Est et du Centre, d'apr・ Reynolds Farley, qui ・udie la r・artition r・identielle des Afro-Am・icains. Ainsi, en Californie, chez les Afro-Am・icains de 25 ?34 ans, 14 % des femmes mari・s et 32 % des hommes mari・ ont un conjoint d'une race diff・ente de la leur, indique M. Edmonston. En revanche, dans les zones urbaines du Nord-Est et du Centre, c'est l'ancienne r・artition qui subsiste. Il y a une proportion importante de la population noire des quartiers d・h・it・ de villes comme Detroit, Chicago, New York, qui n'ont pas profit?de la croissance ・onomique g・・ale, d・lare M. Farley, ancien professeur ?l'universit?du Michigan, actuellement vice-pr・ident de la Fondation Russel Sage de New York. ?nbsp;Ces gens ont ・?laiss・ pour compte et sont rest・ en dehors du mouvement ? dit-il. Un autre contre-courant est celui que cr・ l'immigration. Les immigrants de fra・he date ne se marient g・・alement pas en dehors de leur groupe ethnique ou racial. Leurs enfants le font, dans une certaine mesure, mais le mariage mixte n'est pr・alent qu'?partir de la troisi・e g・・ation. La derni・e vague massive d'immigrants n'a produit que des Am・icains de la premi・e et de la deuxi・e g・・ation. Ind・endamment du degr?de brassage racial et ethnique qui se produit, l'importance du multiculturalisme de la soci・?se mesure ?la proportion de gens qui se consid・ent comme multiraciaux ou multiethniques. Jusqu'?pr・ent, leur pourcentage a ・?faible. Mais cela est d?en partie au fait que les gens tendent ?assumer l'identit?ethnique ou raciale de l'un de leurs parents, g・・alement celui qui appartient ?la minorit?en ce qui concerne les Noirs et les Latino-Am・icains. Mais c'est la soci・?qui, dans une large mesure, leur a impos?cette identit? . ?nbsp;Du fait que j'ai un nom espagnol et que je parle espagnol, les gens me consid・ent comme un Latino-Am・icain ? explique M. DelPinal, fonctionnaire du Bureau du recensement. L'identification raciale peut avoir d'autres sources, par exemple la fiert?d'appartenir ?une ethnie ou la possibilit?de b・・icier de programmes en faveur de minorit・. Depuis quelques d・ennies, avoir des anc・res am・indiens est apparemment devenu populaire. Le nombre de gens ayant coch?la case ?nbsp;Am・indien ?sur leur formulaire de recensement est pass?de 800.000 ?l,4 million de 1970 ?1980, ce qui constitue une augmentation beaucoup plus rapide que celle qu'on pourrait d・uire de la diff・ence entre le nombre des naissances et celui des d・・. Les gens ont d・id?de s'identifier aux Am・indiens en partie du fait de leur prise de conscience ethnique croissante ? fait observer Jeffrey Passel, directeur de l'Immigration Policy Program ?l'Urban Institute et ancien directeur de la Division de la population au Bureau du recensement. C'est cette attitude positive ?l'・ard de l'identification raciale ou ethnique que les ・・ents lib・aux de la communaut?juive tentent d'exploiter. Pendant deux mill・aires, l'exogamie avait ・?consid・・ par les Juifs comme une grave transgression. Dans bien des communaut・, on r・itait la pri・e des morts lorsqu'un de leurs membres ・ousait quelqu'un d'une autre religion. Si bien que les mariages mixtes ・aient rares. Avant la Seconde Guerre mondiale, ils repr・entaient moins de 7 % des mariages juifs, selon M. Mayer, de la CUNY. Mais en 1970, une ・ude nationale de la population juive a montr?qu'au cours des cinq ann・s pr・・entes, 30 % des nouveaux mariages juifs comportaient un conjoint non juif. En 1990, la proportion d・assait 50 % . Apr・ de nombreux colloques, examens de conscience et d・ats acrimonieux, plusieurs groupes de synagogues appartenant ?des d・ominations et organisations civiques juives lib・ales d・id・ent de changer d'attitude. Ils continuent, certes, ?d・ourager les mariages mixtes mais, quand ceux-ci se produisent, ils ouvrent leurs portes aux nouvelles familles mixtes. Le rabbin Daniel Zemel, de Temple Micah, congr・ation r・ormiste de Washington, figure parmi ceux qui ont chang?d'attitude ?cet ・ard. ?nbsp;En 1979, lorsque j'ai ・?ordonn?rabbin, disait-il r・emment, j'estimais que les rabbins qui officiaient ?des mariages mixtes devaient ・re excommuni・, bannis des organisations rabbiniques. Par la suite, j'ai compl・ement chang?de point de vue. ?Il continue ?ne pas c・・rer de mariages mixtes mais pense que ?nbsp;si on peut trouver des moyens de concevoir une soci・?juive h・・og・e, c'est ce ?quoi nous devons aspirer ?l'avenir ? Il reconna・ toutefois que cela exigera qu'une r・olution s'op・e dans les ・・ents de la communaut?juive qui restent plus attach・ ?leurs racines ethniques europ・nnes qu'?leurs pratiques religieuses. Le changement radical envisag?par le rabbin Zemel est comparable ?celui qui devra se produire aux ・ats-Unis tandis qu'ils passeront d'une soci・??pr・ond・ance blanche ?une soci・?multiraciale. La premi・e ・ape de ce processus consiste probablement ?d・ouvrir la morphologie exacte de la population am・icaine, gr・e notamment ?un recensement pr・is de toutes les teintes et demi-teintes de cette nouvelle mosa・ue. -------- Ancienne correspondante du National Journal, Rochelle Stanfield est une journaliste ind・endante bas・ ?Washington et sp・ialis・ dans la d・ographie et les questions urbaines.
Cet article, qui avait paru, ?l'origine, dans le num・o du 13 septembre 1997 du National Journal, a ・?mis ?jour par son auteur. Copyright 1977 by National Journal Group, Inc. Tous droits r・erv・. Reproduction autoris・.
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