John Koskinen
Pr・ident du Conseil pr・identiel sur la transition ?l'an
2000
Selon M. Koskinen, l'obstacle principal qui s'oppose ?une transition harmonieuse des syst・es informatiques ?l'an 2000 est l'ignorance g・・ale de la gravit?du probl・e, qui risque d'entra・er la r・lisation des pires sc・arios. Pourtant, en agissant d・ maintenant, il est encore possible d'en minimiser les effets perturbateurs et d'assurer un passage sans accroc au si・le nouveau.
Le monde est confront?aujourd'hui ?l'un des grands probl・es de l'・e de l'information. Alors que nous abordons un nouveau mill・aire, un nombre incalculable de syst・es informatiques ainsi que les puces cod・s qui font pratiquement tout marcher, des ordinateurs personnels aux appareils m・agers en passant par les machines industrielles de pointe, sont programm・ pour faire marche arri・e dans le temps.
Le probl・e vient du fait que la plupart des vieux syst・es informatiques et microprocesseurs - comme on appelle les puces informatiques - n'utilisent que les deux derniers chiffres d'une ann・ pour repr・enter la date. En cons・uence, lorsqu'on arrivera ? l'an 2000, ces puces pourraient interpr・er 00 comme ・ant 1900 et non 2000. Les d・aillances qui en r・ulteront risquent de perturber gravement les r・eaux d'・ectricit? les usines de traitement des eaux us・s, les syst・es financiers, les r・eaux de t・・ommunications et les contr・es de la navigation a・ienne dans le monde entier. Chaque pays conna・ra sans doute son lot individuel de m・aventures, mais dans un sens tr・ r・l la communaut?mondiale tout enti・e sera affect・.
Comment les programmeurs de logiciels ont-ils pu commettre une erreur aussi ・idente ? Il y a trente ans, les ordinateurs poss・aient beaucoup moins de m・oire qu'ils n'en ont aujourd'hui, si bien que les informaticiens ont recouru ?des raccourcis, tel la d・ignation de l'ann・ par ses deux derniers chiffres, pour ・onomiser de la place. Ils supposaient que les programmes qu'ils concevaient alors seraient de toute fa・n d・ass・ et remplac・ par de nouveaux logiciels bien avant la fin du si・le. Or, dans la pratique, un grand nombre des grosses installations informatiques complexes, telles que celles utilis・s par les banques, les compagnies d'assurance, ou les soci・・ de courtage ont ・olu?avec le temps, les nouveaux logiciels s'ajoutant aux syst・es existants. Par cons・uent, toute organisation dot・ de syst・es informatiques de grande ・helle et interconnect・ devra v・ifier des millions de lignes de programmation pour d・erminer la fa・n dont les dates ont ・?・rites, puis r・rire les programmes afin de corriger le probl・e, ensuite ex・uter ces programmes pour voir comment ils fonctionnent, et v・ifier l'interface de chaque programme avec les applications internes et externes qu'il utilise.
Sur le plan technique, ces corrections ne sont pas difficiles, mais du fait de l'・helle immense du probl・e, nous sommes confront・ ?un d・i colossal sur le plan gestionnel et organisationnel. Pour ne citer qu'un exemple, il n'existe pour r・arer le probl・e qu'un nombre limit?de sp・ialistes qualifi・, de programmeurs connaissant des langages informatiques qui sont peut-・re d・uets depuis longtemps.
Afin de coordonner les travaux qui s'imposent dans ce domaine au sein de la pl・hore de syst・es informatiques que poss・e le gouvernement f・・al des ・ats-Unis, le pr・ident Clinton a constitu? un conseil regroupant plus de trente organismes. Son premier objectif consiste ?assurer le maintien des services publics essentiels, ? savoir, veiller ?ce que les prestations de maladie et les allocations de ch・age continuent d'・re vers・s et que la collecte des imp・s ne subisse aucune interruption. Le pr・ident a fix?l'objectif ambitieux de faire en sorte que la totalit?des syst・es informatiques f・・aux soient ?nbsp;conformes ?l'an 2000 ? c'est-?dire r・ar・, avant la fin de mars 1999. Le conseil s'est ・alement divis?en groupes de travail charg・ de se concerter avec les autorit・ locales sur ce probl・e et d'・aluer les efforts que d・loient les entreprises priv・ dans trente-cinq secteurs d'industrie, tels que les transports, les t・・ommunications et les finances.
En outre, l'・at d'avancement des travaux sur ce probl・e ? l'・ranger nous int・esse beaucoup, puisqu'une multitude de syst・es informatiques ont aboli les fronti・es, si bien qu'aucun pays n'・happe ?cette interd・endance. Nous avons pressenti les organisations internationales afin de faire face ?ce probl・e. Les Nations unies ont adopt?une r・olution invitant tous les ・ats membres ?prendre des mesures et ?rendre compte de leurs r・ultats ? l'Assembl・ g・・ale avant le 1er octobre. Afin de sensibiliser les ・ats ?ce probl・e, la Banque mondiale met sur pied une vingtaine de conf・ences r・ionales ?l'organisation desquelles les ・ats-Unis apportent leur appui sous la forme d'une contribution de douze millions de dollars. Le Fonds mon・aire international a d・id?de ne m・ager aucun effort en vue d'encourager les pays ?consacrer des ressources ?ce dossier. La secr・aire d'・at, Mme Madeleine Albright, a envoy??toutes les ambassades des ・ats-Unis de par le monde des instructions aux ambassadeurs leur demandant de s'enqu・ir du degr?de pr・aration de chaque pays. L'Agence d'information des ・ats-Unis dirige au sein du conseil pr・identiel un groupe de travail charg?de la communication, de la diffusion d'informations et de l'aide ? la conception de plans d'urgence en collaboration avec les autres pays.
Malheureusement, ?ce stade, il reste moins de cinq cents jours avant le 1er janvier 2000. Je constate que, dans nombre de pays, l'obstacle majeur se situe encore au niveau de la prise de conscience des autorit・ publiques, des journalistes, des industriels et du grand public. La premi・e ・ape, pour les ・ats comme pour les entreprises priv・s, doit ・re de faire l'inventaire de toutes leurs op・ations faisant appel ?l'informatique et d'・aborer un programme de r・aration. Une deuxi・e ・ape vitale concerne l'・aboration de plans d'urgence. Le conseil pr・identiel a demand??chaque organe du gouvernement f・・al de concevoir deux plans. Le premier est interne : que faire si certains de nos syst・es informatiques ne fonctionnent plus ? Le second est externe : que faire en cas de d・aillance de syst・es informatiques ext・ieurs li・ aux n・res ?
On peut s'attendre que les perturbations li・s ?l'an 2000 d・uteront avant le nouveau mill・aire, lorsque des syst・es informatiques d・uets essaieront de faire des calculs pr・isionnels ou de pr・oir des ・・ements futurs. On rel・e aux ・ats-Unis un certain nombre de sites d'Internet o?des sp・ialistes que l'on ne saurait normalement qualifier d'alarmistes annoncent des d・aillances g・・alis・s de syst・es informatiques provoquant des pannes d'・ectricit? des embouteillages, une r・ession ・onomique, voire, dans certaines r・ions, des p・uries alimentaires. Personnellement, sans rejoindre les rangs des oiseaux de mauvais augure, je m'inqui・e surtout des pays o?l'inaction et l'absence de prise de conscience risqueraient de pr・ipiter la r・lisation de ces sc・arios funestes. En prenant des mesures d・ aujourd'hui, nous arriverons ?・iter le chaos et, avec un peu de chance, ?effectuer une transition sans accroc ?l'an 2000.