Une pand・ie de sida, maladie microbienne figurant parmi les
plus destructrices des annales de l'humanit? peut ・re enti・ement ・it・ tant dans les
pays d・elopp・ que dans le monde en d・eloppement pour peu que l'on mise, entre
autres, sur des campagnes d'・ucation, la modification des comportements et l'emploi de
m・icaments antir・roviraux.
Tout au long de son ・olution, l'humanit?a ・?assi・・ par des micro-organismes
qui ont toujours risqu?de compromettre sa survie. 1 Si d'anciens tueurs, comme la
tuberculose et le paludisme, font encore des millions de victimes par an ?l'heure actuelle,
il arrive que l'apparition ou la r・pparition d'un microbe entra・e une pand・ie
inattendue et catastrophique dont les cons・uences sur la sant?publique se font sentir ?
l'・helle mondiale. ?l'aube d'un nouveau si・le, le moment est opportun de se rappeler
que le XXe si・le a ・?t・oin de deux de ces calamit・ impr・ues, avec pour toile de
fond le spectre constant et le fardeau consid・able de nombreuses maladies infectieuses et
de plusieurs mini-・id・ies.
Le premier fl・u, survenu en 1918 et connu sous le nom de grippe espagnole, fut
caus?par le virus grippal A que l'on connaissait de longue date, mais dont la r・pparition
provoqua une v・itable pand・ie. La grippe s・issait r・uli・ement depuis des si・les,
mais au cours de l'hiver 1918-1919 elle fut responsable de la mort d'environ 25 millions
de personnes ?travers le monde, dont 550.000 aux ・ats-Unis. 2
La seconde pand・ie, ?savoir le syndrome de l'immunod・icience acquise (sida), a
pour agent causal un microbe qui a ・?isol??une date relativement r・ente : le virus de
l'immunod・icience humaine (VIH). 3 La communaut?internationale prit conscience de
cette nouvelle maladie au cours de l'・?1981, laquelle d・erla en vagues successives dans
diverses r・ions du monde. Peut-・re n'a-t-on pas encore mesur?pleinement le potentiel
catastrophique de cette pand・ie. ?l'aube d'un nouveau mill・aire, le moment est venu
de r・l・hir aux origines de cette ・id・ie, d・?vieille de 18 ans, aux progr・ qui ont ・?
faits sur le plan scientifique et de la sant?publique, ainsi qu'aux perspectives d'avenir.
Les origines du VIH
Les donn・s ・id・iologiques mol・ulaires r・entes indiquent clairement que le
VIH-1 est apparent??un virus pr・ent depuis des si・les dans une sous-esp・e de
chimpanz・, les Pan troglodytes troglodytes. 4 Or, ces chimpanz・ porteurs du virus ne
pr・entent aucun sympt・e. Comme c'est le cas avec de nombreux virus, ?un moment
donn?ou ?diverses occasions, une transmission intersp・ifique s'est produite et l'・re
humain a ・?infect?par le VIH ; on peut d・ lors conclure que l'infection par le VIH est
presque certainement une zoonose. Quant au VIH-2, la souche la moins fr・uente et la
moins virulente du VIH, il pr・ente une ressemblance g・・ique remarquable avec le
virus de l'immunod・icience simienne, lequel se manifeste de mani・e end・ique parmi
les singes mangabeys ?collier blanc. 5
L'hypoth・e qui pr・aut actuellement, c'est que la transmission du VIH-1 du
chimpanz??l'homme s'est faite lorsqu'une plaie ouverte d'un individu a ・?contamin・
par le sang infect?de l'animal, probablement alors qu'il le d・e・it avant de le manger. 6
De fait, la viande simienne est une denr・ alimentaire traditionnelle dans certaines parties
d'Afrique subsaharienne. Les mutations du g・ome viral n・essaires ?la transmission du
virus du chimpanz??l'homme ont d?se produire de mani・e intermittente au cours des
si・les. 4 Il est d'ailleurs probable qu'elle se soit faite de mani・e sporadique tout au long
de plusieurs dizaines d'ann・s, voire des si・les, mais qu'elle soit pass・ inaper・e.
On ne prit conscience de cette ・id・ie que lorsque les conditions d・ographiques
et sociales se mirent ?favoriser la propagation rapide du virus parmi les populations.
Ainsi convient-il de mentionner l'exode massif des ruraux ; la s・aration des familles due
?la nature migratoire des emplois qui conduit ?la promiscuit?sexuelle et ?la
fr・uentation r・uli・e de prostitu・s et la contamination des r・erves de sang destin・s
aux transfusions. 7
L'・id・ie fit son apparition dans les pays d・elopp・, notamment aux ・ats-Unis,
peu apr・ la ?r・olution gay ?dont le coup d'envoi fut lanc?par les manifestations qui se
sont produites en 1969 ?Stonewall Inn, un bar de la ville de New-York fr・uent?par les
homosexuels. 8 Dans les ann・s 1970 et au d・ut des ann・s 1980, la d・ographie des
grandes villes, telles New-York, San-Francisco et Los Angeles, encourageait des
pratiques homosexuelles ?haut risque et une ・id・ie de maladies sexuellement
transmissibles fit malheureusement des ravages parmi cette population compos・
essentiellement de jeunes adultes. Le ph・om・e s'・endit rapidement ?d'autres pays
d・elopp・, par exemple au Canada, ?l'Australie et ?l'Europe occidentale.
L'ampleur de l'・id・ie
Le sida continue de faire payer un lourd tribut dans le monde entier, sur le plan tant
humain qu'・onomique. Aux ・ats-Unis, on estime que le nombre de s・opositifs 9
oscille entre 650.000 et 900.000, dont plus de 200.000 ignorent qu'ils sont contamin・ par
le VIH. 10 Au 31 d・embre 1998 (ann・ la plus r・ente pour laquelle on dispose de
donn・s), un total de 688.200 cas de sida et 410.800 d・・ associ・ ?ce syndrome
avaient ・?d・lar・ au CDC (Centers for Disease Control, Centre f・・al de lutte contre
les maladies). 11
Les caract・istiques d・ographiques des personnes affect・s par cette ・id・ie ont
consid・ablement chang?depuis la d・laration des premiers cas, en 1981. Contrairement
aux d・uts de l'・id・ie de VIH et de sida aux ・ats-Unis, o?la population affect・ se
composait en grande majorit?d'hommes homosexuels, ce qui avait amen?certains ?
supposer ?tort que l'・id・ie resterait contenue dans cette population, les nouveaux cas
d'infection par le VIH sont aujourd'hui principalement li・ ?la consommation de drogue
par voie intraveineuse et aux relations h・・osexuelles, les minorit・ ・ant repr・ent・s de
mani・e disproportionn・. 11 Le nombre de cas de sida (pour 100.000 habitants)
d・lar・ en 1998 aux ・ats-Unis ・ait de 66,4 pour les noirs non originaires d'Am・ique
latine, de 28,1 pour les Latino-Am・icains, de 8,2 pour les blancs non originaires
d'Am・ique latine, de 74 pour les Am・indiens et les descendants des premiers habitants
de l'Alaska et de 3,8 pour les individus originaires d'Asie et des ・es du Pacifique. Les
femmes sont de plus en plus souvent touch・s ; aux ・ats-Unis, le pourcentage de
femmes et d'adolescentes dans les nouveaux cas d・lar・ a plus que tripl?entre 1985 et
1998, passant de 7 % ?23 %. 11
On entend souvent dire que l'・id・ie de VIH et de sida aux ・ats-Unis et dans
d'autres pays d・elopp・ a atteint un plateau, puisque le nombre d'infections par an, loin
de suivre une courbe d'acc・・ation, s'est au contraire stabilis? Aux ・ats-Unis, toutefois,
ce plateau a atteint un niveau inacceptable qui est estim??40.000 nouveaux cas par an,
un chiffre relativement constant tout au long des ann・s 1990. 12 S'agissant de ces
personnes nouvellement infect・s, le CDC estime que la moiti?d'entre elles ont moins de
25 ans et qu'elles ont ・?infect・s par la voie sexuelle. 13 La baisse consid・able du
nombre d'infections parmi les hommes homosexuels s'est accompagn・ de la nette
augmentation des cas observ・ dans la population h・・osexuelle, en particulier chez les
femmes, ce qui r・・e le caract・e trompeur de ce plateau. Aux ・ats-Unis, en fait, nous
observons de nouvelles vagues d'・id・ie au sein des divers groupes d・ographiques.
Ce ph・om・e de vagues successives se refl・e de mani・e spectaculaire dans la
r・artition mondiale de l'・id・ie, l'Afrique subsaharienne essuyant actuellement le plus
fort de l'・id・ie mondiale. En outre, le nombre d'infections par le VIH dans les pays de
l'ancienne Union sovi・ique est mont?en fl・he au cours des quelques derni・es ann・s.
Toutefois, la courbe du taux d'infection dans le sous-continent indien et en Asie du sud-
est indique qu'en l'absence de mesures pr・entives tr・ efficaces, ce sont ces r・ions qui
seront les plus durement touch・s par cette ・id・ie dans les prochaines ann・s. 14 Le
nombre estimatif de s・opositifs en Chine demeure relativement faible ; toutefois, on ne
saurait ・arter le risque d'une propagation explosive du VIH dans ce pays qui compte
plus d'un milliard d'habitants.
L'・id・ie frappe par sa magnitude. ?la fin de l'ann・ 1998, on comptait ?travers le
monde plus de 33 millions de personnes contamin・s par le VIH ou atteintes du sida, 43
% ・ant des femmes, selon les estimations du Programme commun des Nations unies sur
le VIH/SIDA (ONUSIDA). 14 On estime ?5,8 millions le nombre de nouveaux cas de
VIH dans le monde entier en 1998 - soit environ 16.000 par jour- dont plus de 95 % dans
des pays en d・eloppement. En 1998, le VIH ou le sida ・ait la quatri・e cause de d・・
au monde, faisant 2,3 millions de morts par an, selon les estimations. 15 Si la tendance
enregistr・ jusqu'ici en mati・e de nouvelles infections par le VIH se poursuit, plus de 40
millions d'individus seront s・opositifs ?l'aube du nouveau mill・aire.
Les succ・ et les limites de la th・apie antir・rovirale
Aux ・ats-Unis comme dans les autres pays d・elopp・, le nombre de nouveaux cas
de sida et de d・・ a consid・ablement diminu?au cours des trois derni・es ann・s. Le
taux de mortalit?du sida ajust?en fonction de l'・e a baiss?de 48 % entre 1996 et 1997 16 ; on a observ?une ・olution identique en Europe occidentale et en Australie. 17, 18. Ces tendances rel・ent de plusieurs facteurs, notamment de l'am・ioration de la
prophylaxie contre les infections opportunistes et le perfectionnement des traitements ; de
l'exp・ience croissante des professionnels de la sant?en mati・e de soins ?prodiguer aux
patients s・opositifs ; de l'・argissement de l'acc・ aux soins de sant?et de la baisse du
nombre de nouvelles infections par le VIH qui r・ulte des efforts de pr・ention et du fait
que, parmi les personnes au comportement ?haut risque, beaucoup sont d・?infect・s.
Toutefois, le facteur le plus d・erminant a ・?sans conteste le recours accru aux
m・icaments puissants contre le VIH, g・・alement administr・ en association avec trois
agents ou plus, dont normalement un inhibiteur de prot・se. 17, 19-21 La haute
efficacit?de ces multith・apies antir・rovirales est bien ・ablie. La mise au point de
th・apies contre l'infection par le VIH a produit des r・ultats remarquables, preuve de la
synergie efficace entre le gouvernement, l'industrie et les milieux universitaires. Seize
m・icaments contre le VIH b・・icient d'une autorisation de mise sur le march?d・ivr・
par la Food and Drug Administration (Administration f・・ale des produits alimentaires
et pharmaceutiques). Ils ont permis de faire reculer la maladie de mani・e spectaculaire
chez de nombreux patients ?un stade avanc?et de pr・enir la progression du mal chez
les sujets relativement sains.
Des lignes directrices adopt・s par consensus guident le recours ?ces th・apies
antir・rovirales hautement actives pour l'adulte et l'adolescent, de m・e que pour les
enfants et les femmes enceintes qui sont s・opositives. 22-24 Lorsqu'elles sont
appliqu・s ?bon escient, ces lignes directrices permettent d'am・iorer consid・ablement
les perspectives d'avenir pour les individus s・opositifs et de r・uire de mani・e
importante le risque de transmission du VIH de la m・e ?l'enfant.
Ind・endamment des effets b・・iques consid・ables offerts par les th・apies
antir・rovirales tr・ actives, beaucoup de s・opositifs ne r・gissent malheureusement pas
comme on le souhaiterait aux traitements, soit qu'ils n'en tol・ent pas les effets toxiques
soit qu'ils aient du mal ?s'y plier en raison du grand nombre de comprim・ ?avaler, de la
myriade d'interactions m・icamenteuses possibles et de la complexit?du sch・a
posologique dans lequel intervient la prise d'aliments et de liquides. 22 M・e chez les
patients qui subissent avec succ・ une th・apie antir・rovirale hautement active et qui ont
un taux extr・ement faible d'ARN du VIH-1 dans le plasma sanguin, le virus persiste
dans des r・ervoirs o?les m・icaments ne peuvent pas l'atteindre ; il peut aussi demeurer
dans l'organisme sous une forme latente sur laquelle les m・icaments restent sans
effet. 25-28 En outre, l'apparition de nouvelles souches du VIH qui r・istent aux
m・icaments actuellement disponibles est un probl・e courant qui ne cesse de
cro・re. 29
Quand bien m・e la fonction immunitaire reprend le dessus chez la plupart des
patients qui suivent une multith・apie antir・rovirale, la normalisation compl・e du
syst・e immunitaire et l'・adication compl・e du virus dans l'organisme semblent
improbables avec les th・apies dont on dispose actuellement. La persistance du VIH ?
l'・at latent, et ce en d・it des th・apies qui parviennent ?supprimer les niveaux
d・elables d'ARN du VIH-1 dans le plasma sanguin, constitue un ph・om・e
particuli・ement probl・atique et qui donne ?penser qu'il faudrait envisager
l'administration d'un traitement ?vie, alors que les m・icaments ?notre disposition sont
on・eux et difficiles ?tol・er sur une p・iode de temps prolong・. 30-34 Chez les
patients pour qui l'ARN du VIH-1 dans le plasma sanguin avait ・?supprim?par une
th・apie antir・rovirale hautement active et ramen??un niveau non d・elable, et ce pour
une dur・ m・iane de 390 jours, le taux d'ARN remontait invariablement dans les trois
semaines qui suivait l'arr・ de la th・apie. 35
D・ lors, l'・aboration d'une nouvelle g・・ation de th・apies demeure une priorit?
fondamentale. ?l'heure actuelle, tous les m・icaments antir・roviraux sous licence
s'attaquent ?l'une ou l'autre de deux enzymes virales, la transcriptase inverse ou la
prot・se. De nombreuses formules sont en cours d'・aboration ou au stade des essais,
comme par exemple l'emploi de m・icaments qui emp・hent le virus de p・・rer dans
une cellule ou d'autres qui bloquent l'int・ration du provirus dans l'ADN nucl・ire. En
outre, on s'efforce de purger le virus de ses r・ervoirs latents dans certaines cellules et
dans certains tissus et de trouver les moyens de stimuler la r・onse immunitaire
sp・ifique au VIH. 36
La pr・ention de l'infection par le VIH
Dans les pays en d・eloppement, o?les d・enses de soins de sant?s'・・ent tout
juste ?quelques dollars par an et par habitant, les th・apies contre le VIH sont
invariablement hors de port・ de la bourse des populations, hormis de quelques rares
privil・i・. Cette situation fait ressortir la n・essit?de concevoir des outils de pr・ention
du VIH qui soient efficaces, peu co・eux et ?m・e d'・re utilis・ dans ces pays aussi
bien qu'aux ・ats-Unis et dans le reste du monde industrialis? Quand bien m・e ces
th・apies pourraient ・re appliqu・s ?l'・helle mondiale, il est clair que le traitement n'est
pas la solution au probl・e mondial que pose le VIH. Contrairement aux fl・ux
microbiens, tels le paludisme et la tuberculose, contre lesquels les individus sont
relativement d・unis, l'infection par le VIH chez l'adulte peut ・re enti・ement ・it・ au
prix d'une modification de son comportement. Les chercheurs ont en effet d・ontr?
l'efficacit?de plusieurs strat・ies de pr・ention, sous r・erve de leur application
rigoureuse. Il s'agit notamment de l'・ucation et de la modification des comportements,
de la distribution de pr・ervatifs, du traitement des autres maladies sexuellement
transmissibles, du traitement de la toxicomanie (administration de m・hadone aux
toxicomanes qui se droguent par voie intraveineuse, par exemple), de l'acc・ ?des
aiguilles et ?des seringues st・iles et de l'administration de m・icaments antir・roviraux
pour interrompre la transmission du virus de la m・e ?l'enfant. 37
L'administration de m・icaments antir・roviraux ?la femme enceinte et s・opositive
et ?son nourrisson constitue une strat・ie de pr・ention d'une efficacit?
extraordinaire. 38 Aux ・ats-Unis, le taux de transmission du VIH de la m・e ?l'enfant a
・?ramen??un niveau n・ligeable chez les femmes et les nourrissons trait・ ?la
zidovudine selon un sch・a posologique rigoureux. Des ・udes effectu・s r・emment par
divers organismes, dont le CDC et l'Institut national de la sant?(NIH), ont d・ontr?que
la prise de m・icaments antir・roviraux sur une dur・ consid・ablement raccourcie, soit
un sch・a beaucoup plus r・liste dans les pays pauvres, pouvait ・alement fortement
r・uire la transmission p・inatale du VIH. 39-40 L'adoption d'une th・apie de courte
dur・ et d'un prix abordable ?l'approche de l'accouchement pourrait pr・enir l'infection
par le VIH chez des centaines de milliers de b・・ par an. L'analyse provisoire d'une
・ude faite en Ouganda indique que l'administration de deux doses de n・irapine -
administr・ l'une ?la m・e au d・ut de l'accouchement et l'autre au nouveau-n?dans les
72 heures suivant la naissance - peut nettement r・uire les cas de transmission p・inatale
du VIH. 41
Par ailleurs, il existe d'autres m・hodes capables de pr・enir la transmission du VIH
et, partant, de ralentir la progression de l'・id・ie de VIH et de sida. Par exemple, des
chercheurs sont en train de mettre au point et de tester des microbicides topiques, c'est-?
dire des substances que la femme peut introduire dans le vagin avant d'avoir des relations
sexuelles, et ce dans le but de pr・enir la transmission du VIH et d'autres maladies
sexuellement transmissibles. 42 L'ONUSIDA et d'autres organismes ont ・alement
facilit?l'emploi ?grande ・helle du pr・ervatif f・inin en Afrique. Ces interventions
peuvent donner aux femmes les moyens de se prot・er dans les situations o?elles ne sont
pas en mesure d'・iter les relations sexuelles avec des partenaires s・opositifs ou quand
elles ne peuvent pas persuader leur partenaire de mettre un pr・ervatif.
La mise au point d'un vaccin contre le VIH
Traditionnellement, les vaccins assurent une protection sans risque, peu co・euse et
efficace contre les sympt・es, l'invalidit?et la mort r・ultant de maladies
infectieuses. 43 La solution ?la pand・ie de VIH passe par la mise au point d'un vaccin
efficace et bien tol・?contre cette infection et la possibilit?de se le procurer facilement.
De fait, cet objectif demeure la plus haute priorit?de la recherche contre le sida. Un
obstacle scientifique de taille ?la r・lisation de cet objectif reste la difficult?qu'il y a
d'・ablir les corr・ats pr・is de l'immunit?face ?l'infection par le VIH. Pour acc・・er
l'aboutissement des travaux, de nombreux organismes publics et priv・ ont
consid・ablement augment?les ressources consacr・s ?la recherche sur les vaccins
contre le VIH. Au NIH, par exemple, le financement de la recherche sur un tel vaccin est
pass?de 100,5 millions de dollars au cours de l'ann・ budg・aire 1995 ?un montant
estim??194,1 millions de dollars pour l'ann・ budg・aire 1999. ?ce jour, plus de 3.000
volontaires s・on・atifs ont particip??plus d'une cinquantaine d'・udes sur 27 vaccins
contre le VIH, lesquelles ・aient parrain・s par le NIH et comprenaient notamment deux
essais de phase 2 portant sur des groupes de taille moyenne.
Signe de la diversit?des travaux de recherche, des ・udes effectu・s r・emment avec
l'appui de NIH ont ・alu?des vaccins faisant intervenir un vecteur, autrement dit un virus
inoffensif (par exemple, la variole du canari) qui a ・?g・・iquement modifi?pour
fabriquer des prot・nes du VIH. Ces vaccins ont ・?administr・ ?des volontaires en
association avec un autre vaccin ・abor? lui, ?partir de l'enveloppe prot・nique purifi・
du VIH. Les r・ultats sont encourageants. Dans les ・udes de phase 1 et de phase 2, les
vaccins ont ・?bien tol・・ et ils ont stimul?une r・onse immunitaire au niveau
cellulaire et humoral qui pourrait jouer un r・e dans la protection contre l'infection par le
VIH. 44 Trois vecteurs, ainsi que d'autres prot・nes du VIH, font actuellement l'objet de
comparaisons pour d・erminer l'association la plus capable de produire une r・onse
immunitaire vigoureuse.
Par ailleurs, une soci・?am・icaine vient d'entreprendre sur une grande ・helle
l'・ude d'un vaccin ・abor??partir des prot・nes qui enrobent deux souches de VIH, et
une ・ude compl・entaire de phase 3 est pr・ue en Tha・ande. 45 Enfin, un essai en
phase 1 d'un vaccin con・ ?partir de la variole du canari a ・?mis en route en Ouganda,
dans le cadre des initiatives croissantes qui sont d・loy・s pour accro・re la participation
aux travaux de recherche des scientifiques des pays en d・eloppement.
Conclusion
La pand・ie de VIH continue de pr・ccuper les milieux de la recherche biom・icale
et de la sant?publique du monde entier. Au d・art limit・ ?quelques homosexuels aux
・ats-Unis, les cas d'infection par le VIH s'inscrivent aujourd'hui dans le cadre d'une
pand・ie mondiale qui se classe sans aucun doute au nombre des fl・ux microbiens
parmi les plus destructeurs de l'histoire. Nous sommes arriv・ ?un moment-charni・e de
son ・olution. La recherche biom・icale a fourni les outils n・essaires ?l'・aboration de
traitements et ?la mise au point d'un vaccin qui continue de nous ・happer. Ces derni・es
ann・s, on s'est rendu compte de la n・essit?de cr・r des partenariats entre les secteurs
public et priv? et de renforcer la volont?politique des pays du monde entier pour
att・uer les cons・uences d・astatrices de cette ・id・ie. Si l'on ne trouve pas de
m・hodes efficaces de pr・ention, avec ou sans vaccin, c'est au XXIe si・le que cette
pand・ie mondiale ・latera dans toute sa violence.
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(Reproduit avec l'autorisation de The New England Journal of Medicine,
September 30, 1999. Copyright © 1999, Massachusetts Medical Society.)
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