LA PROMOTION DES VILLES
La promotion des villes consiste principalement ?y attirer ?la fois les soci・・ et les touristes. Dans cet entretien entre le maire d'une ville et deux anciens maires, nous voyons ce que font les municipalit・ dans ce domaine. Tout d'abord, M. Emanuel Cleaver, qui termine son deuxi・e mandat en tant que maire de Kansas City (Missouri), et M. Gene Roberts, ancien maire de Chattanooga (Tennessee), exposent les aspects positifs et n・atifs de la promotion d'une ville dans un march?extr・ement comp・itif. Ensuite, M. Art Agnos, ancien maire de San Francisco (Californie), parle de la promotion d'une ville en tant qu'attraction touristique. Susan Cleary, l'une des r・actrices de ce journal ・ectronique, en ・ait l'animatrice.
L'animatrice - On parle beaucoup, ?l'heure actuelle, de l'・onomie mondiale et de la grande mobilit?du commerce. M. Cleaver, en tant que maire d'une grande ville, avez-vous l'impression d'・re soumis ?des pressions croissantes pour jouer un r・e actif dans la promotion de votre ville ?
M. Cleaver - Pour inciter les soci・・ ?s'installer dans notre ville, nous leur vantons notre situation g・graphique centrale. En raison du d・alage horaire, nos entreprises peuvent plus facilement entrer en contact avec leurs correspondants de la c・e Est et de la c・e Ouest pendant les heures ouvrables. Nous avons d・ouvert que c'・ait tr・ important pour les soci・・, mais que beaucoup d'entre elles n'avaient m・e pas song?au facteur temps.
Nous avons ・alement d・id?qu'il ・ait important pour nous d'exploiter notre histoire, que la plupart des gens ne connaissent pas. Nous faisons donc valoir le fait que Kansas City est la ville de naissance de Walter Cronkite, l'ancien journaliste de CBS. C'est aussi celle de Walt Disney. C'est ici que ?nbsp;Hallmark Greeting Cards ? sp・ialiste des cartes de v・ux, et ?nbsp;Sprint ? la soci・?de t・・ommunications, ont leur si・e. Nous nous effor・ns de faire valoir les liens qui unissent le Kansas et des personnalit・ ou des soci・・ connues.
Nous savons aussi que le co・ du logement est beaucoup moins ・ev??Kansas City que dans la plupart des autres grandes villes des ・ats-Unis.
L'animatrice - Il est int・essant de passer en revue les avantages que pr・ente votre ville. J'ai not? par exemple, que vous aviez adopt?comme devise ?nbsp;Kansas City : ville de fontaines, c・ur de la nation ? Pourquoi avez-vous choisi ce slogan ?
M. Cleaver - Nous avons r・l・hi ?ce que nous avions et que les autres villes n'avaient pas. Nous poss・ons, par exemple, plus de fontaines que n'importe quelle ville au monde, ?l'exception de Rome. Nous avons donc pens?que la meilleure fa・n d'exploiter cet atout ・ait de l'inclure dans notre devise.
L'animatrice - M. Roberts, je crois savoir que, lorsque vous ・iez maire de Chattanooga, vous avez obtenu plusieurs prix pour votre gestion de l'environnement. Cela semble ・re aussi un bon moyen de souligner les avantages offerts par une ville. Pouvez-vous nous dire comment vous avez utilis?ces distinctions ?
M. Roberts - Franchement, cela nous a donn?une id・ : montrer combien nous avions chang?en pr・ de trente ans, apr・ avoir ・?si mal en point. Pendant cette p・iode, nous nous sommes attaqu・ ?de graves probl・es dans la communaut?nbsp;: la pollution atmosph・ique, la pollution de l'eau, l'apparence g・・ale de notre ville. Nous avions probablement la pire pollution atmosph・ique du pays dans les ann・s 1960. Depuis des d・ennies, on pouvait rarement voir la ville du haut de la ?nbsp;Montagne Lookout ? Nous nous sommes alors pos?plusieurs questions : Comment nous attaquer au probl・e de la pollution ? Comment former un partenariat entre les secteurs public et priv?nbsp;? Comment aborder le probl・e de l'・oulement des eaux pluviales dans les rivi・es et cours d'eau de la ville ? Comment attirer les milieux d'affaires ? Autant de choses auxquelles, nous l'avons d・ouvert, s'int・essaient beaucoup d'autres villes
L'animatrice - M. Cleaver, avez-vous constat?qu'une entreprise attache de l'importance au fait que le quartier commer・nt d'une ville est agr・ble et que l'environnement y est sain ? La qualit?de la vie repr・ente-t-elle un atout pour les milieux d'affaires ?
M. Cleaver - Assur・ent. La ?nbsp;National League of Cities ?(Ligue nationale des villes) a fait une ・ude que nous avons ・alement men・ au niveau local. Nous avons constat?que la plupart des chefs d'entreprise du pays vivent dans un rayon maximum de quinze kilom・res de leur bureau. Ils veulent donc, comme tout le monde, avoir acc・ ?un cadre agr・ble. Nous avons d・ouvert que, de leur domicile ?leur lieu de travail, les gens aiment beaucoup emprunter des avenues bord・s d'arbres et avoir des fontaines dans leur quartier.
M. Roberts - Permettez-moi de vous citer un exemple pour illustrer ce point. Des repr・entants d'une soci・?nous ont rendu visite pour discuter de questions telles que les imp・s locaux, l'infrastructure, les avantages accord・ aux entreprises. Mais ils se sont aussi renseign・ sur nos ・ablissements scolaires, sur les dipl・・ qui en sortaient et sur les activit・ culturelles de Chattanooga. Il est donc vrai que les soci・・ prennent en consid・ation les facteurs dont M. Cleaver vient de parler. Plus que la plupart des gens ne le penseraient.
L'animatrice - Quel genre d'organisme avez-vous ?Kansas City pour aider une soci・??se renseigner ? Existe-t-il d'autres organisations qui, ?votre avis, sont tr・ utiles pour fournir les renseignements, les services dont les hommes d'affaires ont besoin ?
M. Cleaver - Oui. Il y a deux semaines, je me suis rendu dans le New Jersey, en compagnie de notre gouverneur, pour faire un expos?sur notre ville aux repr・entants d'une soci・?qui venait d'acqu・ir H・chst-Marion-Rousselle, une soci・?pharmaceutique allemande qui a un laboratoire ici. Lorsque la fusion se sera concr・is・, nous aimerions qu'elle vienne s'installer ?Kansas City. Nous sommes donc all・ dans le New Jersey munis d'une vid・ de Don Hall, pr・ident du conseil d'administration de ?nbsp;Hallmark Cards ?et de Bill Esrey de ?nbsp;Sprint ? et de plusieurs autres personnalit・ qui ont d・lar? en substance, ?nos interlocuteurs :?nbsp;C'est ?Kansas City que nous avons notre si・e international et nous ne l'installerions nulle part ailleurs. ?Nous ne nous adressons donc pas n・essairement ?un organisme sp・ialis? mais demandons aux milieux d'affaires de nous aider ?attirer de nouvelles entreprises dans notre ville.
L'animatrice - Et ?Chattanooga, quel genre d'organisations avez-vous pour votre campagne de promotion de la ville ?
M. Roberts - En 1983, pratiquement du jour au lendemain, nous avons perdu six mille emplois industriels bien pay・. Le responsable du comt?et moi-m・e avons d・id?que nous avions du pain sur la planche et que nous ne pouvions pas nous acquitter nous-m・es de cette t・he. Nous nous sommes donc adress・ aux milieux d'affaires, avons r・ni quelques-uns de leurs membres les plus influents pour leur exposer notre probl・e et leur avons demand?de nous aider ?le r・oudre. L'une de leurs initiatives a ・?de cr・r la ?nbsp;River City Company ? dont la t・he ・ait de r・over les quartiers du centre, d'y attirer de nouveaux restaurants et d'embellir la ville. Ils ont r・ni dix millions de dollars, rien que des dons, aucun pr・, ?cette fin. Par la suite, la ?nbsp;River City Company ?est devenue la ?nbsp;River Valley Company ? qui englobe non seulement Chattanooga, mais quelques-unes des agglom・ations et quelques-uns des comt・ avoisinants. La ville et le comt? ainsi que les milieux d'affaires et certains de nos voisins, y apportent une contribution financi・e. En fait, ils lui fournissent plus d'argent que nous. C'est l'organisme de d・eloppement ・onomique de la ville et de la r・ion.
L'animatrice - ?votre avis, M. Cleaver, Kansas City va-t-elle devenir une ville de plus en plus internationale ?
M. Cleaver - Vous me croirez si vous voulez, mais notre ・uipe de joueurs professionnels de football am・icain, les ?nbsp;Kansas City Chiefs ? nous a aid・ de bien des fa・ns. Nous avons jou?contre les ?nbsp;Minnesota Vikings ??Tokyo l'ann・ pass・. J'accompagnais l'・uipe et j'ai rencontr?des hommes d'affaires de Tokyo. Nous avons constat?qu'avec la mondialisation croissante de l'・onomie, si nous ne pouvions rivaliser avec la concurrence des autres villes, non seulement aux ・ats-Unis, mais dans le monde, nous serions perdants.
Dans un autre domaine, nous avons ・?choisis comme site du ?nbsp;Midwest International Distribution Center ? Nous nous effor・ns de nous d・elopper afin de devenir le centre de la route commerciale de l'ALENA (Accord de libre-・hange nord am・icain), qui relie le Canada ?l'・at de Jalisco, au Mexique, via Kansas City.
En fait, aux prochaines ・ections municipales, l'une des questions dont on discutera sera la suivante : Qui peut nous relier davantage au reste du monde sur le plan ・onomique ? De plus en plus de villes am・icaines s'efforcent d'atteindre des march・ ・rangers et d'obtenir que certains d'entre eux s'・ablissent chez elles.
L'animatrice - Ressent-on les m・es pressions ?Chattanooga, y ・rouve-t-on ce m・e d・ir de comp・itivit?nbsp;?
M. Roberts - Oui, mais nous devons agir d'une autre fa・n que M. Cleaver. Nous n'avons pas d'・uipes sportives professionnelles ?Chattanooga, c'est donc au niveau du sport amateur que nous rivalisons. Nous disputons d'importants tournois de softball ?travers les ・ats-Unis, par exemple. La ville, le comt?et l'universit?ont r・emment r・ni des fonds, avec la participation de groupes priv・, pour b・ir un stade olympique de softball. Nous venons de construire un stade de football pour notre universit?et accueillerons les championnats nationaux ?Chattanooga. Nous rivalisons ?ce niveau dans le domaine sportif. Le sport est une importante activit?commerciale.
L'animatrice - M. Cleaver, quels sont les instruments de commercialisation que vous utilisez et dont dispose n'importe quel maire ? ?quels moyens peu co・eux peut-ont recourir pour faire mieux conna・resa ville ?
M. Cleaver - On peut inviter le maximum de personnalit・ nationales et ・rang・es ?venir visiter sa ville par exemple. Je pense qu'il est pr・・able de fournir aux gens les occasions de venir dans sa ville que de d・enser trente-cinq millions de dollars en annonces t・・is・s ou voyager autour du monde pour en faire la promotion. Le maire de Diyarbakor (Turquie), par exemple, a indiqu?qu'il viendrait ?Kansas City ce printemps. Inviter les gens ?nous rendre visite co・e beaucoup moins cher que de voyager nous-m・es pour nous faire conna・re.
L'animatrice - Et Internet. Il y a beaucoup de donn・s sur Kansas City sur Internet. Est-ce un outil auquel vous avez recours ?
M. Cleaver - Oui, nous le faisons ?dessein. Nous avons beaucoup de renseignements concernant notre ville sur Internet et nous essayons de faire encore davantage par le truchement de l'?nbsp;Economic Development Corporation ?(Corporation pour le d・eloppement ・onomique - EDC) que le gouvernement de l'・at nous a autoris・ ?cr・r. L'EDC est l'organe ・onomique de la municipalit? Je nomme les membres de son conseil d'administration et il a ?sa t・e un pr・ident. Trois agences d・endent de l'EDC : l'Autorit?portuaire, qui contr・e les activit・ en bordure du fleuve, le Missouri. Son r・e est tr・ important du fait que nous avons des bateaux-casinos sur le fleuve. La seconde est la ?nbsp;Tax Increment Financing Commission ? qui a recours aux imp・s progressifs pour faciliter le financement du d・eloppement, et la troisi・e est la ?nbsp;Land Plans for Redevelopment ? Chaque fois que nous entreprenons d'importants travaux de d・eloppement, nous devons trouver des terrains et cette agence est habilit・ ?le faire.
Il existe ・alement un bureau appel??nbsp;Business Retention ?par l'interm・iaire duquel nous nous effor・ns d'entretenir des contacts permanents avec toutes les entreprises de la ville. Une fois par mois, nous organisons une r・nion avec un groupe diff・ent de directeurs de soci・・. Nous leur demandons s'ils ont des probl・es, si l'・lairage des rues fonctionne normalement par exemple, ou si tel panneau de signalisation manquant a bien ・?remplac?
L'animatrice - Chattanooga proc・e-t-elle de la m・e fa・n pour permettre l'interaction des milieux d'affaires et du gouvernement local ?
M. Roberts - Oui, nous faisons tout ce que M. Cleaver a mentionn?en ce qui concerne Kansas City. Nous avons aussi recours aux imp・s progressifs pour le financement du d・eloppement et ?diverses incitations. Nous avons un grand nombre d'activit・ sur le fleuve, mais pas d'・ablissements de jeu. Nous ne nous occupons donc pas de cette question. Autrement, nous faisons toutes ces choses pour attirer les milieux d'affaires dans notre ville.
L'animatrice - Participez-vous l'un et l'autre ?des r・nions internationales de maires ?
M. Cleaver - Oui, nous avons la I-35 Corridor Coalition (du nom de l'autoroute qui traverse Kansas City) ; nous nous r・nissons deux fois par an. Les maires viennent d'endroits aussi divers que Winnipeg (Canada) et Guadalajara (Mexique). Nous essayons de devenir la route de l'ALENA, de tirer profit de cet Accord.
(Note de la r・action : M. Art Agnos, ancien maire de San Francisco, se joint ?la discussion ?ce stade.)
L'animatrice - Nous avons parl?de la fa・n dont vous cherchez ?attirer les entreprises dans votre ville, mais vous n'avez pas mentionn?le tourisme qui, en soi, est une grosse industrie. Est-ce aussi un moyen d'attirer l'attention d'investisseurs ・entuels ?
M. Agnos - Tout ?fait. ?San Francisco, nous avons commenc??agir dans ce domaine en 1988, quand nous nous sommes pench・ sur la question du jumelage des villes. L'id・ nous est venue de ne pas nous limiter aux ・hanges portant sur les activit・ culturelles et commerciales, mais d'accorder des remises et une plus grande priorit?aux visiteurs, aux hommes d'affaires venant d'une ville jumelle, de les traiter comme un membre de la famille. Le jumelage vous donne un avantage au d・art. ?San Francisco, par exemple, nous avons obtenu d'un certain nombre d'h・els qu'ils accordent une ristourne aux touristes en provenance de villes jumel・s ?la n・re. Nous avons ・alement cr蜑, ?l'intention des visiteurs en provenance de ces villes, une carte de r・uction pour la visite des attractions touristiques.
L'animatrice - Ce sont parfois les visiteurs qui signalent des points d'int・・ auxquels on n'aurait peut-・re pas pens?soi-m・e. Que faites-vous pour trouver des id・s sur les nouvelles fa・ns de voir votre ville ou de la pr・enter aux touristes ?
M. Agnos - Notre ?nbsp;Convention and Visitor's Bureau ?(Bureau des congr・ et du tourisme) fait une partie de ce travail. Il maintient ・alement le contact avec les visiteurs, leur demande ce qui leur pla・ le plus, ce qu'ils n'aiment pas. Ce Bureau finance ses recherches gr・e aux taxes que paient les touristes, aux taxes h・eli・es, etc. Il se charge de ce genre de services en plus de sa fonction principale qui est de chercher ?obtenir que des congr・ se tiennent dans notre ville. Comme toute entreprise commerciale, nous nous effor・ns constamment de satisfaire le client.
L'animatrice - La municipalit?de San Francisco collabore-t-elle avec le Bureau des congr・ et du tourisme pour attirer les entreprises ?
M. Agnos - Oui, bien s・. Je suis le promoteur de la ville dans ce domaine. Je me souviens qu'apr・ le tremblement de terre de 1988, l'une de mes premi・es mesures, en plus de m'assurer que la ville obtenait ce dont elle avait besoin pour se r・ablir, a ・?de t・・honer aux entreprises qui songeaient ?changer de ville pour leur congr・, de leur donner l'assurance que nous ・ions pr・s ?les recevoir et que leur congr・ leur procurerait beaucoup d'affaires.
Et chaque maire accompagne les repr・entants du Bureau des congr・ et du tourisme lorsqu'il s'agit de faire des expos・ sur sa ville.
L'animatrice - Ces expos・ sont-ils pr・ar・ uniquement par le bureau du maire ?
M. Agnos - Ils sont pr・ar・ en collaboration avec le Bureau des congr・ et du tourisme, qui nous renseigne sur notre march? et nous parlons en tant que repr・entants de la ville. Apr・ tout, nous savons comment ?nbsp;vendre ?notre ville et nous incorporons donc dans notre pr・entation toutes les id・s que nous voulons mettre en valeur.
L'animatrice - M. Agnos, avez-vous des suggestions ?faire aux autres maires sur la fa・n dont ils peuvent amener les m・ias ?pr・er attention ?leur ville ? San Francisco est tellement connue que vous n'avez peut-・re pas besoin de le faire.
M. Agnos - La t・he est en effet beaucoup plus facile ici que dans certains autres endroits, certes, mais chaque ville a ses attraits. Le probl・e consiste simplement ?faire le maximum d'efforts pour la faire conna・re.
L'animatrice - Je pense que nous avons utilis?tout le temps qui nous ・ait imparti. Merci ?